Canal du Midi (Toulouse - Port-la-Robine)

Lundi 7 août
Après une escale urbaine de plus d’une semaine, ils retrouvent avec plaisir la voûte verte du canal du Midi.
Toulouse est verte aussi par ses allées et ses parcs. Mais sur le canal, la lumière, filtrée par les platanes et réfléchie par l’eau, peint un paysage impressionniste unique. Ils passent au pas la longue file des bateaux-logements, rêves bariolés de vies alternatives.
Ils amarrent le bateau en amont de l’écluse de Castanet, à l’ombre des platanes, après deux heures de navigation. La terrasse du Café de l’Ecluse de Castanet les attend.
Après une dizaine de jours au port, ils apprécient se retrouver en sauvage avec pour seule compagnie éphémère quelques marcheurs et cyclistes.







Mardi 8 août
En début de soirée, un voilier insolite, impatient d’atteindre l’Océan, rejoint «l’autre» pour la nuit.
L’orage se manifeste au milieu de la nuit. La pluie est top faible pour refroidir le bateau; pas suffisante non plus pour le dépoussiérer. Le vent se lève et décore le bateau de branchettes, feuilles et écorces de platanes. Un nettoyage sommaire avant de larguer les amarres s’impose. La température a chuté. Elle ne devrait pas dépasser 23 degrés au plus chaud de la journée. L’étape sera courte: moins de 2 kilomètres, jusqu’à l’écluse de Vic. Il ne pleuvra que quinze minutes durant la journée et le ciel décida que la pluie tomberait pendant leur court trajet. A peine ont-ils amarré le bateau que la pluie cesse. Les chaises longues de la terrasse du bistrot de l’écluse sont détrempées. Ils ne font pas escale pour le bistrot comme certains pourraient le penser. La péniche «Kanou II» est amarrée en amont de l’écluse. Le propriétaire du voilier «Triskell» rencontré à Trèbes y vit. Ils l’avaient revu le 28 juillet dernier. Ils souhaitaient le saluer une dernière fois avant que leurs routes ne se séparent.




Mercredi 9 août
La veille au soir, «l’autre» a été à la fête.
Ils accueillaient à bord, pour le repas du soir, le propriétaire du voilier «Triskell» et sa compagne qui vivent sur la péniche «Kanou II». Lui est musicien-chanteur. La soirée s’est prolongée jusqu’au milieu de la nuit au son d’une guitare et d’une voix aux accents manouches.
Le temps est à la pluie. A l’expérience de la veille, ils savent qu’il suffit de larguer les amarres pour que la pluie se mette à tomber. Ils décident donc de prolonger leur escale à l’écluse de Vic. Une pluie fine mouille une grande partie de la journée. La température reste en dessous des 20 degrés. La terrasse du bistrot de l’écluse est déserte. Les clients sont rares même pour les catins. «L’autre» croit avoir changé de région et de saison.





Jeudi 10 août
Demain ils quitteront leur bateau. «L’autre» ne leur en veut pas. Il sait que la cause est bonne.
Le voilier «Triskell» a perdu son hélice à Trèbes. A cette occasion, ils ont fait la connaissance du propriétaire. Après plusieurs expéditions d’exploration, l’hélice a été retrouvée. Elle a pu être remise en place sans qu’il soit nécessaire de mettre le bateau à sec. «Triskell» doit être amené à l’écluse de Vic pour être amarré à côté de la péniche «Kanou II» sur laquelle vit le propriétaire. Il a déjà fait un bout du chemin. Ils collaboreront à la dernière étape du convoyage, de Castelnaudary à l’écluse de Vic. Le trajet prendra deux jours, si tout se passe bien.
Ils rouvriront le carnet de bord à leur retour.



Dimanche 13 août
Ils ont retrouvé «l’autre» hier en milieu d’après-midi. «Triskell» est amarré à proximité de la péniche «Kanou II».
Ils ont parcouru avec «Triskell» plus de 51 kilomètres et franchi 27 écluses sur deux jours. Le bateau ne semble pas avoir été traumatisé par la perte de son hélice. Il a valeureusement navigué. L’équipage a eu un peu de peine à suivre. Il est arrivé à destination fourbu. Il leur faudra bien un jour de récupération avant de reprendre la navigation.




Lundi 14 août
La veille devait être une journée de récupération. Ce n’en fut pas vraiment une.
Les platanes ont décoré «l’autre» d’une multitude de petites taches ocres. Un nettoyage énergique s’imposait. La journée n’aura pas suffi. Ils prolongent l’escale d’un jour pour achever le travail engagé. Depuis la veille les températures sont remontées au-dessus des 30 degrés. Ils ne peuvent travailler dans des conditions raisonnables qu’en début et fin de journée et pas au-delà de l’heure de l’apéro à la terrasse du bistrot de l’écluse.
Un ancien bateau en bois, «Menta Sète», offre une librairie au fil de l’eau et colore le canal.




Mardi 15 août
Après les deux jours de convoyage de «Triskell» et les deux jours de nettoyage de «l’autre», ils ont vraiment besoin d’une journée de récupération.
Ils ne largueront les amarres que demain si tout va bien.
Lors des journées de récupération où le temps est suspendu, alimenter le carnet de bord devient un réel souci. Qu’écrire lorsqu’il ne se passe rien? Quelle photo partager lorsque le paysage ne change pas?
De l’écluse de Vic, ils emporteront avec eux une image de «Triskell» arrivé à bon port; une image également de la péniche «Kanou II» à l’accueil chaleureux.




Mercredi 16 août
«L’autre» quitte «Triskell» avec un peu de vague à l’âme. Il doute que leurs routes se croiseront à nouveau.
Après plus d’une semaine d’escale, «l’autre» se dégourdit l’hélice dans la verdure du canal. Ils refont dans l’autre sens le trajet parcouru avec «Triskell» samedi dernier. Ils font escale à Gardouch où ils rencontrent un des membres de la valeureuse équipe venue au secours de «Triskell» à Trèbes. Ils partageront avec lui le repas du soir.



Jeudi 17 août
Ils quittent le soleil du quai de Gardouch pour se glisser dans la pénombre du canal.
Ils se présentent au pied de l’écluse Océan vers 12:00 h. Des touristes libérés d’un car observent intrigués le franchissement de l’écluse. Ils amarrent le bateau pour la pause de midi et une petite sieste avant de faire escale à Le Ségala. Ils sont sur le bief de partage des eaux, lieu singulier où l’eau du canal, au hasard des mouvements des écluses, coulera soit vers l’Océan, soit vers la Méditerranée






Vendredi 18 août
Ils larguent les amarres vers 9:30 h à destination de Castelnaudary.
A l’extrémité du bief de partage, «l’autre» entraîne avec lui les eaux du canal vers la Méditerranée. Dorénavant ils n’auront devant eux plus que des écluses descendantes. En face le trafic devient plus dense. Ils doivent patienter devant les écluses pour laisser passer les bateaux de location qui rejoignent leur base pour la fin de semaine. Il est des jours comme ça, où, pour des raisons tenues secrètes, ceux d’en face arrivent systématiquement juste avant «l’autre» aux écluses. Ils amarrent le bateau au port de Castelnaudary vers 12:30 h, à la place qu’ils avaient occupée le 21 juillet dernier. Quand ils repassent aux mêmes endroits, ils ont leurs habitudes.





Samedi 19 août
Ils passeront au moins une nuit supplémentaire au port de Castelnaudary.
Le temps de compléter les provisions et de laver le linge sale. Hier le ciel s’est couvert. Il se dégagera dans l’après-midi sous l’effet d’un vent du nord-est. Les températures resteront supportables, même à bord et au soleil.




Dimanche 20 août
Les avions barrent de traits précis les nuages colorés du coucher de soleil.
Ils prolongeront leur escale à Castelnaudary. Ils ont encore du linge à laver.
Ils auraient pu faire une lessive supplémentaire la veille. Mais ils n’allaient pas se bousculer. Sans doute ont-ils cherché une raison objective de prolonger l’escale. Ils n’ont pas à craindre de laisser le bateau au soleil. Le thermomètre ne devrait pas afficher plus de 25 degrés au plus chaud de la journée. Sous le vent, la température sera agréable. Et si nécessaire ils rejoindront la terrasse du Grand Bar au Cours de la République.




Lundi 21 août
Le thermomètre remontera allègrement en-dessus des 30 degrés. Le vent est tombé. Il faut se mettre à l’ombre.
Ils quittent le port, passent le Pont-Vieux et, à l’entrée du Grand Bassin, glissent le bateau à l’abri de l’île de la Cybelle. La prochaine escale est prévue à Bram. Ils savent que le bistrot l’Ile aux Oiseaux est fermé le lundi. Ils ont trop souvent fait escale les jours de fermeture pour éviter de le répéter quand ils sont avertis. Ils passeront donc une nuit supplémentaire à Castelnaudary.



Mardi 22 août
Ils traversent le grand bassin de Castelnaudary et se présentent devant l’échelle des quatre écluses de St-Roch à un peu plus de 9:00.
L’écluse est encore fermée et des bateaux de location forment un bouchon chaotique. Ce n’est pas le bon jour pour reprendre la navigation. D’autant moins qu’un fort vent s’est levé. Ils rebroussent chemin et se remettent à l’abri de l’Ile de la Cybelle. Ils décident de reporter le départ au lendemain. Ils auraient mieux fait de rester sous la couette.





Mercredi 23 août
«L’autre» se présente seul devant les quatre écluses de St-Roch prêtes à l’accueillir.
La veille il y avait embouteillage. Ils ont bien fait de reporter leur départ de Castelnaudary. Le ciel est couvert, le vent est tombé. La navigation est étonnement fluide. Les écluses attendent portes ouvertes. Aujourd’hui «l’autre» arrive aux écluses avant ceux d’en-face qui doivent patienter en aval. Pour la pause de la mi-journée, ils glissent le bateau sous la branche protectrice d’un imposant platane. Ils sont à deux écluses et moins de trois kilomètres de Bram où ils amarrent le bateau après environ quatre heures effectives de navigation.





Jeudi 24 août
Ils quittent Bram vers 9:00 sous un ciel couvert, presque menaçant.
La péniche «Wietske» attend son équipage rentré au pays pour un mois. Ils ne se reverront sans doute plus cette saison. Les platanes deviennent parfois presque envahissants, dépouillant certains bateaux de linges imprudemment mis à sécher. Un mammifère inattendu rumine en regardant passer «l’autre». Ils franchissent la dernière écluse de l’étape juste avant la pause de la mi-journée et trouvent au port de Carcassonne la place réservée pour «l’autre» à côté de «Choupette». Les nuages ont laissé la place au soleil. Comme d’habitude, à leur arrivée à Carcassonne, ils retrouvent leur terrasse à la Place Carnot.






Vendredi 25 août
Sur la canal du Midi, Carcassonne est l’escale urbaine qu’ils préfèrent.
Le port est idéalement placé au centre ville. La gare s’est installée au bord du canal. L’Hôtel Terminus s’est construit en face. En sortant du port, il suffit de s’engager dans la rue piétonne Georges Clémenceau sur quelques cinq cents mètres pour atteindre la Place Carnot au cœur de la Bastide.
Le vent marin a couvert le ciel de nuages. Ils consacrent une partie de la journée au nettoyage du bateau et réservent deux places pour le repas du soir au restaurant le Bistro de l’Hôtel Terminus.






Samedi 26 août
Le marché se tient à la Place Carnot autour de la fontaine de Neptune.
Une épicerie fine permet de compléter de manière gourmande les provisions du marché. Dès la mi-journée, le soleil se fraie quelques passages entre les nuages. Il fera sans doute trop chaud pour continuer le nettoyage du bateau. A l’aller, c’était le Festival; au retour, la Feria à Carcassonne.







Dimanche 27 août
C’est une journée dont ils n’ont pas grand-chose à dire.
Un dimanche incertain, un peu comme ceux d’avant, qui hésitaient entre le lendemain de la fin de semaine et la veille du début de la suivante. Quelques rangements et nettoyages à bord pour se donner bonne conscience. Quelques pas au centre ville pour ne pas succomber à la torpeur d’une chaleur moite. La Place Carnot à la gueule de bois après la feria. Le mobilier des terrasses est rangé, les parasols en berne. Quelques musiciens attardés tentent de mettre un peu d’ambiance.




Lundi 28 août
Alerte canicule. Les prévisions annoncent 36 degrés à l’ombre au plus chaud de la journée.
La veille ils ont épuisé une bouteille de gaz. Depuis leur dernière escale à Carcassonne, ils savent où la remplacer à quelques pas du canal. Il s’en charge en début de matinée pendant qu’elle s’occupe de la lessive. Dès la mi-journée, sous la chaleur épaisse et immobile, les efforts sont comptés, les mouvements retenus. Ils cherchent de l’ombre le long des anciens bâtiments qui bordent le quai du port.



Mardi 29 août
La veille au soir, il faisait définitivement trop chaud pour prendre le repas à bord.
Ils se sont installés au Bistro de l’Hôtel Terminus. Ils avaient déjà leur terrasse à la Place Carnot; ils auront désormais également leur bistrot à côté du port. Ici, pas besoin de fontaine ou sculpture déplacée pour agrémenter le parvis de la gare. L’écluse constitue le point de rencontre et d’attraction. De nombreux bateaux de location ont fait escale au port de Carcassonne. «L’autre» laissera passer la vague avant de larguer les amarres.





Mercredi 30 août
Ils ont laissé partir les bateaux de location et patienteront jusqu’à demain pour larguer les amarres.
Ils font une lessive supplémentaire, complètent les provisions, remplissent les bouteilles et le réservoir d’eau. Les prochaines escales seront en sauvage.
«L’autre» et son équipage sont prêts. Ils ne quitteront pas Carcassonne sans prendre congé, comme il se doit, de la terrasse à la Place Carnot et du Bistro de l’Hôtel Terminus.



Jeudi 31 août
Ils n’ont finalement pas quitté Carcassonne.
Ils se lèvent sous un ciel chargé de nuages menaçants. Les prévisions annoncent des précipitations intermittentes tout au long de la journée. Ils savent par expérience que dans ces conditions il suffit qu’ils larguent les amarres pour que la pluie se mette à tomber. Et ils n’aiment pas naviguer par temps de pluie. La péniche «Louisa» quitte le port en milieu de matinée. Elle ne partagera pas les écluses. Autant lui laisser un jour d’avance. Les prévisions annoncent le retour du soleil pour demain.


Vendredi 1er septembre
«L’autre» se présente à l’écluse de Carcassonne pour la première bassinée de la journée qu’il partage avec un bateau de location.
L’équipage du bateau de location maîtrise son bateau. Ils sont rassurés. Ils apprécient les derniers tronçons de l’allée de platanes. Les jeunes pousses font ce qu’elles peuvent mais elles ont de la peine malgré des soins attentifs. Ils arrivent à Trèbes après environ deux heures et demie de navigation pour douze kilomètres et sept écluses. La péniche «Louisa» qui avait quitté Carcassonne la veille est amarrée à l’entrée nord de la localité, avant le pont. Ils avaient envisagé faire escale à cet emplacement. Le 8 juillet dernier, ils s’étaient amarrés à l’entrée sud de la localité, au pied de l’écluse triple, et «l’autre» avait rencontré «Triskell».






Samedi 2 septembre
A Trèbes, pas besoin de remettre l’église au milieu du village.
Le centre ancien s’enroule autour de l’édifice jusqu’à l’étouffer. Le parvis sert de parking. La rue de l’église est une impasse.
Le ciel est capricieux. Les éclaircies alternent avec les nuages et les précipitations. Un vent soutenu s’est levé. Un temps à ne pas larguer les amarres. En fin d’après-midi, ils déplacent toutefois le bateau au pied de l’écluse triple, à la sortie de Trèbes. Autant de pris sur l’étape de demain.
A peine amarré, «l’autre» interloqué regarde passer le petit frère de «Triskell» qui s’engagera dans l’écluse sans perdre son hélice. Eux s’interrogent sur les coïncidences.







Dimanche 3 septembre
Ils larguent les amarres vers 8:30, plus tôt que d’habitude, à destination de la Redorte.
Ils ont une heure de navigation devant eux avant d’atteindre la première écluse de l’étape, celle de Marseillette, devant laquelle ils patientent le temps de laisser monter un bateau. Devant l’écluse suivante, la triple de Fonfile, ils patientent près d’une heure le temps de laisser descendre trois bateaux arrivés avant eux, et monter deux autres. Dans l’intervalle, ils sont rejoints par deux bateaux avec lesquels ils poursuivront la navigation. A l’écluse double de l’Aiguille les créations de l’éclusier-artiste sont toujours en vente. Ils doivent patienter à nouveau près d’une heure devant l’écluse de Puicheric, en raison de la pause de la mi-journée. Ils ont l’impression de devoir régulièrement passer leur tour dans une sorte de jeu de l’oie. Il est près de 14:00 lorsqu’ils peuvent enfin amarrer le bateau à la Redorte. Cinq heures et demie pour vingt et un kilomètres.





Lundi 4 septembre
Le port de la Redorte est agréable. A l’écart du centre sans en être éloigné.
Un bistrot est installé sur le quai, la Table de Riquet. Tous les commerces utiles sont accessibles en moins d’une demi-heure à pied. L’Avenue du Port conduit à l’Avenue Victor Hugo, la route principale le long de laquelle s’étend la localité avec ses commerces. Ici, les rues et les routes s’appellent pompeusement avenues. En fin de journée, un marchand ambulant leur propose des fruits et légumes frais du jardin. Pour eux ce sera tomates et figues. C’est au port que, le 7 juillet dernier, ils ont rencontré un couple insolite égaré sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.





Mardi 5 septembre
Argens-Minervois est la prochaine escale prévue.
La Terrasse du Port à Argens est fermée le mardi. Ils n’apprécient pas faire escale les jours de fermeture. La Table de Riquet est ouverte au port de la Redorte. Ils reportent le départ au lendemain. La chaleur est de retour. La température à bord monte à 35 degrés. Ils ont installé table et fauteuils à l’ombre de platanes le long du ponton, au bord d’un champ d’oliviers. La halte fluviale est surtout utilisée par des bateaux de location qui offrent le spectacle sans cesse renouvelé des manœuvres d’accostage. «L’autre» rêve parfois de perdre l’allure du bateau de location qu’il fut dans une autre vie.



Mercredi 6 septembre
Ils larguent les amarres sous un ciel couvert à destination d’Argens-Minervois. Il est environ 8:45.
La première écluse les attend portes ouvertes. Un bateau montant vient de la franchir. Les dés semblent favorables. Mais la chance tourne vite. A l’écluse double suivante, ils doivent patienter plus d’une demi-heure pour laisser monter trois bateaux. Comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances, ils sont rejoints par deux bateaux de location avec lesquels ils devront partager les prochaines écluses. A l’attente liée au trafic s’ajoute celle liée aux manœuvres approximatives des bateaux de location. L’un d’eux s’obstine à entrer de biais dans l’écluse. Il faudra l’introduire de force à la corde.
Ils amarrent le bateau à Argens-Minervois à 12:15. 3.5 heures pour 13 kilomètres; guère plus de 3.5 kilomètres à l’heure. Le port est tenu par une base de location. Il est vide. La meute des bateaux a été lâchée sur le canal. «L’autre» n’apprécie pas les bases de location. Il trouve une place un peu à l’écart sous des platanes condamnés, à côté de bateaux privés inoccupés.






Jeudi 7 septembre
Trois bateaux de location se sont réveillés avant «l’autre». Ils occupent l’écluse et «l’autre» passera son tour.
C’est la dernière écluse avant de rejoindre Port la Robine, leur point de départ. Le vent forcit. Le drapeau de leur pays n’y résiste pas. Le Somail illustre les cartes postales du canal. Les quais sont squattés par deux bases de location, des bateaux passagers et des bateaux résidents. Les places pour les bateaux de passage sont rares. «L’autre» passe son chemin au pied d’une façade aux papiers peints défraîchis. A Port la Robine, il retrouve une place en face du quai à l’ombre d’un pin à défaut de platanes.






Vendredi 8 septembre
«L’autre» se retrouve à la case départ avec le sentiment d’avoir passé une curieuse saison.
Il connaît l’équipage, depuis le temps. Mais là, il doit admettre qu’ils ont fait fort: moins d’une heure de navigation par jour en moyenne. Il en aurait presque honte.
Une saison d’errance nonchalante dans l’attente de remonter le Rhône l’été prochain avec «Wietske» et peut-être «Ediacara». Une saison d’escales prolongées et de retrouvailles. Une saison marquée surtout par une rencontre aussi inattendue que chaleureuse, celle de «Triskell» et de belles personnes.