Canal de la Robine (Port-la-Robine - Port-la-Nouvelle)

Dimanche 17 juin
Le vent a forci. Elle n’aime pas ça.
Ils larguent malgré tout les amarres vers 9:15. Il leur faut deux heures pour parcourir quatre kilomètres et franchir 5 écluses jusqu’à Sallèles-d’Aude. Ils avaient prévu y faire escale pour compléter les provisions à leur épicerie préférée, L’Etape du Midi.
Elle n’envisage pas poursuivre la navigation sur Narbonne aujourd’hui. «L’autre» s’en doutait un peu. Ils passeront la nuit à Sallèles sans se déterminer sur le programme du lendemain.
La péniche «Enchanté» a accueilli ses passagers et se prépare à larguer les amarres. «L’autre» reconnaît «Riana» aperçue à Buzet-sur-Baïse, sur le canal de Garonne, en 2016.




Lundi 18 juin
Le vent n’a pas faibli. Il a envoyé les nuages se faire voir ailleurs.
Il admet que le vent est un peu fort pour une navigation nonchalante comme elle l’apprécie. Ils attendront que le vent se calme pour larguer les amarres.
Ils s’engagent dans le centre ancien du village par les ruelles étroites. Le château a connu des jours meilleurs. Il n’est pas le seul. Sur le canal, la péniche «Langon» accueille ses passagers et se prépare à larguer les amarres. «Eole», avec son jardin suspendu et son jacuzzi, attire les regards.







Mardi 19 juin
Le vent s’est calmé. Les nuages n’ont pas pour autant osé se montrer.
Ils quittent Sallèles-d’Aude vers 9:00 avec un bateau de location prudent et tranquille. Après la monumentale écluse de Gailhousty, ils empruntent l’Aude sur quelques centaines de mètres pour s’engager dans le canal de la Robine. Ici les platanes résistent mieux que sur le canal du Midi. Plus pour longtemps, ils s’épuisent.
En arrivant à Narbonne, ils trouvent une place au pied de l’écluse de Gua, au quai d’Alsace, comme lors des escales de la saison dernière. Ils préfèrent ce secteur à celui du centre ville. Le bateau est à l’ombre jusqu’à la mi-journée, à l’écart du centre ville sans en être éloigné (15 minutes à pied). Les bateaux-logements y sont plus pittoresques.






Mercredi 20 juin
«L’autre» se réveille à l’ombre face à un quai fleuri et ensoleillé.
A Narbonne, le matin, les halles sont un lieu incontournable. Style Baltard sur fond d’architecture gothique. A Carcassonne, leur terrasse est sur la Place Carnot; à Narbonne, sur la Place de l’Hôtel de Ville, à l’ombre du Palais des Archevêques.
Ils se sont assez souvent plaints du mauvais temps pour ne pas maintenant se plaindre du beau. Mais tout de même, la température monte à 34 degrés à bord.





Jeudi 21 juin
«L’autre» ne s’est pas échoué. Ils sont rentrés un peu tard de la fête de la musique pour ouvrir le carnet de bord.
En début de soirée, ils trouvent une table dans une cour du Passage de l’Ancien Courrier, prennent le repas dans une ambiance musicale latino avant de rejoindre la foule et les scènes de la Place de l’Hôtel de Ville, des Cours Mirabeau et de la République. Rares sont les bateaux qui sont restés amarrés au centre ville. Etourdis par la foule et les musiques superposées, ils apprécient rejoindre «l’autre» un peu à l’écart du centre ville.






Vendredi 22 juin
Ils ne largueront pas les amarres le lendemain de la fête de la musique.
«L’autre» passera une quatrième nuit au pied de l’écluse du Gua, à Narbonne. L’ancien moulin du même nom accueille une brasserie. Ils consacrent la matinée à des tâches administratives. Même égarés au fil de l’eau, ils n’échappent pas aux paiements des factures. Pour une raison mystérieuse, un bateau voisin, «Ombra della Sera», a hissé le drapeau du Vietnam, à moins que ce ne soit celui d’une contrée qui leur est inconnue. «L’autre» voit passer «White Beauty» rencontrée à Port-la-Robine en début de saison. Elle fait escale à Narbonne. Ils partagent l’apéro et mettront ensemble le cap sur la Méditerranée, demain matin.




Samedi 23 juin
Ils larguent les amarres vers 9:00 et doivent patienter pour le passage de l’écluse de la Charité et du pont des Marchands.
Comme la saison dernière, le canal de la Robine est encombré d’herbes. «L’autre» navigue dans le sillage de «White Beauty» qui dégage le chenal avec ses deux moteurs Volvo 5 cylindres. Le canal a été creusé dans une bande de terre bordée de vastes étangs qui annoncent la mer. L’écluse Sainte-Lucie fait la pause de la mi-journée. Ils doivent attendre 13:00 pour la franchir. Ils amarrent le bateau au port de plaisance de Port-la-Nouvelle vers 14:00. La capitainerie n’ouvre qu’à 16:00. Ils apprennent alors que leur bateau fluvial n’a rien à faire dans le domaine maritime. On ne mélange pas le fluvial au maritime. «L’autre» passera la nuit à l’embranchement du canal, sous un pont comme un sans domicile fixe.




Canal du Midi (Carcassonne - Port-la-Robine)

Vendredi 8 juin
Ils quittent Carcassonne sous un ciel bleu sans un plis, lavé et repassé durant la nuit.
Il est 9:15 lorsqu’ils s’engagent dans l’écluse du port avec un bateau de location dont l’équipage maîtrise les manoeuvres. Ils ont mis le cap vers l’Est. Dorénavant, sur le canal du Midi, ils descendront les écluses. La navigation sera moins éprouvante. Les bateaux qu’ils croisent sont tous de location, hormis «Ocealine» qui se shoote aux vapeurs de gazole.
Ils amarrent le bateau au bas de l’écluse-triple de Trèbes à 13:30. 4,25 heures pour 13 km avec 4 écluses simples, une double et une triple. «L’autre» passera sans doute la nuit seul.





Samedi 9 juin
La veille au soir, «l’autre» est rejoint pour la nuit par «Amethyst» qui gardera ses distances.
Fait exceptionnel, le réveil est réglé sur 7:00 h. La première écluse est à une bonne heure de navigation. Ils larguent les amarres vers 8:00. Le ciel est couvert, le canal est désert, l’eau à peine plissée par une petite brise. Les canards dorment encore. «L’autre» ronronne à 1000 tours/minute. L’écluse de Marseillette l’attend portes ouvertes. Il s’y engage à côté de «Lady Liberty». Les écluses suivantes seront toutes aussi accueillantes. Jamais encore la navigation n’a été aussi fluide. En cette fin de semaine, les bateaux de location ont rejoint leur base ou ne l’ont pas encore quittée.
«L’autre» fait escale à la Redorte. «Lady Liberty» poursuit sa navigation.
21 km, 1 écluse simple, 1 triple et 3 doubles en 3,75 heures. Le record sera difficile à battre.





Dimanche 10 juin
D’aucunes ou d’aucuns s’étonnent peut-être qu’ils fassent escale aux mêmes endroits en moins de deux semaines.
A l’attention de celles et ceux qui ont de la peine à suivre, ils précisent qu’ils sont allés à Carcassonne, qu’ils en reviennent et font à nouveau escale à La Redorte. Dorénavant les lectrices et lecteurs pourront suivre le périple de «l’autre» sur une carte qui sera régulièrement mise à jour.
Le temps est maussade. Les bateaux de location ont réinvesti le canal. La terrasse de «La Table de Riquet» est déserte. La maison de Port la Fabrique est toujours à vendre.




Lundi 11 juin
Elle se lève et, au vu du ciel, se recouche.
Elle a décidé qu’ils ne largueront pas les amarres aujourd’hui. Le ciel est bas. Il pleuvine. Pas l’averse franche, mais la petite pluie mesquine qui s’économise pour durer. Ils profitent d’un moment de distraction de la pluie pour une balade le long du canal jusqu’à l’épanchoir d’Argentdouble.



Mardi 12 juin
Ils quittent La Redorte vers 8:40. La première écluse est à une petite demi-heure.
Le soleil tente des incursions dans un ciel nuageux. Trop timide, il ne réussira pas à s’imposer. L’écluse est occupée à faire monter des bateaux. Ils s’amarrent et patientent. Ce sera ainsi pour chaque écluse de l’étape. Un artiste expose à l’écluse d’Ognon. La maison flottante est toujours en panne.
Ils amarrent le bateau vers 12:10 au port d’Argens-Minervois: 3.5 heures pour 12 km avec 2 écluses simples et 2 doubles.
C’est jour de fermeture pour «La Terrasse du Port». Ils prendront le repas du soir à bord sous un ciel menaçant.






Mercredi 13 juin
La veille au soir, le soleil déchire les nuages dans un effort désespéré. Il pleuvra toute la nuit.
Ils hésitent à larguer les amarres. Le ciel est chargé. Un vent fort s’est levé. Profitant d’une éclaircie, ils quittent Argens-Minervois vers 10:15. L’étape prévue ne comporte qu’une seule écluse située à un kilomètre. Pour le reste du trajet, ils testeront si nécessaire le nouvel essuie-glace du bateau. Ils amarrent le bateau à Port-la-Robine sans avoir essuyé une goutte de pluie en 2.50 heures de navigation.
Les escales sont associées à des établissements: La Redorte, La Table de Riquet; Argens-Minervois, La Terrasse du Port; Port-la-Robine, La Maison de l’Ecurie avec son décor de brocante.





Jeudi 14 juin
Voilà plus de trente jours qu’ils ont rejoint «l’autre».
Ils se retrouvent au point de départ, à Port-la-Robine, après avoir parcouru 124 km et franchi 45 écluses. Ils n’ont pour l’instant pas avancé d’un mètre vers le Rhône qu’ils ne sont pas pressés d’affronter. Le vent toujours soutenu n’est pas favorable à la navigation. Il a par contre dégagé le ciel et les terrasses de La Maison de l’Ecurie sont à quelques pas.



Vendredi 15 juin
Ils hésitent à descendre sur Narbonne et Port-la Nouvelle avant de mettre définitivement le cap sur le Rhône.
Lui est pour; elle plutôt contre. Ils prolongent l’escale à Port-la-Robine en attendant qu’une décision se prenne. Demain soir, il y a concert à La Maison de l’Ecurie. Elle réserve une table pour se donner le temps de la réflexion.
La péniche «Tourmente» se fraie difficilement un passage parmi les bateaux de location. Le beau temps semble enfin s’installer de manière un peu plus durable.



Samedi 16 juin
Ils ont pris leur décision. Ils descendront sur Narbonne avant de mettre le cap sur le Rhône.
Il ne savent pas encore s’ils navigueront au-delà de Narbonne, vers l’île Sainte-Lucie et Port-la-Nouvelle au bord de la Méditerranée. Au fil de l’eau, ils ont appris à avancer au gré des circonstances sans planifier les surlendemains. Ils savent qu’ils prendront le repas du soir en musique à La Maison de l’Ecurie et qu’ils largueront les amarres demain matin. Ils ne connaissent pas encore leur prochaine escale. «L’autre» s’en accommode.