Dimanche 30 juin
«L’autre» attend l’éclaircie.
Il en a pris l’habitude cette saison.
L’averse et l’orage ont perturbé la nuit. La tempête et la grêle l’ont épargnée. La pluie mouille toute la journée.
Ils complètent la collection des clichés de paysages détrempés. «L’autre» patiente en regardant la pluie faire des ronds dans l’eau.
Ils attendront demain pour larguer les amarres. Les prévisions annoncent une éclaircie pour la matinée.
Fontenoy-le-Château
Fontenoy-le-Château
Samedi 29 juin
«L’autre» prolonge l’escale.
Il doit récupérer après avoir été secoué dans les écluses la veille. «Out of the Blue» a largué les amarres. Ils se reverront sans doute un peu plus haut.
Ils passent la passerelle qui franchit Le Côney, rivière que longe le canal. Ils prennent à droite la Grande Rue, en direction de l’église, s’arrêtent à la boulangerie, puis au petit étal sur lequel une mamie vend quelques fruits et légumes et enfin au bar, fermé la veille.
Ils s’engagent dans un chemin de traverse pour rejoindre la Ruelle des Moulins qui longe la rivière. La vie au fil de l’eau s’est éteinte depuis longtemps déjà.
Les prévisions annoncent de violents orages avec fort vent (près de 100 km/h) et risque de grêle pour la fin de la journée. Autrement dit, une tempête. Elle contrôle les amarres.
Selles – Fontenoy-le-Château
Vendredi 28 juin
«L’autre» attend au pied du bistrot fermé.
Il attend l’arrivée de l’éclusier chargé d’actionner le pont tournant. Vers 9:30 il quitte Selles et poursuit sa randonnée en forêt avec dans son sillage «Out of the Blue».
Après 3 heures de navigation pour 12 kilomètres, 1 pont tournant et 7 écluses, ils atteignent Fontenoy-le-Château.
La localité, comme tant d’autres dans ces territoires oubliés, a connu des jours meilleurs. Ils ne compléteront pas leurs provisions ici. Dans le centre du village, seule une boulangerie résiste. Même la pharmacie a fermé boutique. Ils ne trouvent qu’un salon de thé ouvert.
Ils ne savent pas encore de quoi demain sera fait.
Corre – Selles
Jeudi 27 juin
«L’autre» se fraie un passage en forêt.
Parfois un petit pont indique qu'un village se cache quelque part.
Ils ont quitté Corre à 9:00 pour s’engager sur le Canal des Vosges. Le périple des écluses commence. Ils ont décidé d’une petite étape d’échauffement.
Après 2.25 heures de navigation pour 10 kilomètres et 5 écluses, ils amarrent le bateau à Selles. «L’autre» est rejoint un peu plus tard par «Out of the Blue» qui a également décidé de ne pas en faire plus.
Dans l’après-midi, averses orageuses et éclaircies se succèdent. La terrasse est évacuée et réinvestie.
Le seul bistrot du lieu, «Au pont tournant», est fermé temporairement.
Rien ne les retient à Selles. Demain ils reprendront la navigation si les conditions météo le permettent.
Corre
Mercredi 26 juin
«L’autre» se repose avant l’effort.
Le régime de navigation changera. Sur la Saône et la Petite Saône, 1 écluse pour 10 kilomètres en moyenne. Sur le Canal de l’Est, 1 écluse pour 1 kilomètre.
Ils ne savent pas encore quand ils affronteront la montée du canal. Pour l’instant, «l’autre» fait escale en compagnie de «Out of the Blue» rencontré à Auxonne il y a plus de 20 jours. Sans concertation, les deux bateaux avancent au même rythme. Malgré des escales décalées et des étapes différentes, les deux bateaux se revoient à intervalles réguliers. Journée lessive pour l’un et l’autre, sans concertation non plus.
Fouchécourt – Corre
Mardi 25 juin
Le vent est tombé. Le ciel est dégagé. «L’autre» glisse sur le miroir de la rivière. Il ne trouble que le reflet du héron cendré qui impassible le regarde passé.
Ils ont quitté Fouchécourt vers 8:45 pour la dernière étape sur la Petite Saône. Après 3.5 heures de navigation pour 23 kilomètres et 3 écluses, ils amarrent le bateau au ponton pour visiteurs du port de Corre. Au-delà la rivière n’est plus navigable. Ils sont au pied de la branche sud du Canal de l’Est (Canal des Vosges).
Ils équipent la terrasse du bateau. Ils ont presque oublié que fin juin il peut faire chaud. Le bar-restaurant «La Marina», situé au port, est fermé le mardi. Ils ne s’en étonnent même pas tant ils sont habitués à faire escale les jours de fermeture. Ils prolongeront l’escale.
Fouchécourt
Lundi 24 juin
Il fait trop beau pour naviguer.
Et le vent souffle un peu trop fort. Un vent du nord de 25 km/h qui a nettoyé le ciel et rend la chaleur agréable. Une journée qui risque d’être rare et dont ils veulent profiter. Un temps de terrasses. Ce sera celle de «l’autre». La guinguette est fermée le lundi. La veille au soir, le village y a fait la fête.
Port-sur-Saône – Fouchécourt
Dimanche 23 juin
Sans faire trop de vagues, «l’autre» avance.
A petites étapes. Ils quittent Port-sur-Saône et sa friche industrielle pour s’enfoncer dans la nature. Le ciel tente de s’éclaircir ; il a de la peine. Après 2.5 heures de navigation pour 16 kilomètres et 1 écluse, ils amarrent le bateau à Fouchécourt. Ils n’iront pas au petit village. Ils savent qu’ils n’y trouveront ni boulangerie, ni épicerie, ni bistrot. Ils profiteront de la ginguette improbable installée au petit port avant qu’elle ne ferme demain.
Port-sur-Saône
Samedi 22 juin
«L’autre» attend l’éclaircie. Comme trop souvent cette saison. Ils se sont habitués au paysage détrempé des fenêtres ruisselantes.
Ils ont reconsidéré la destination de leur périple et recadré la carte en conséquence.
Port-sur-Saône
Vendredi 21 juin
La localité cache bien ses charmes.
Le centre est encombré par la route nationale qui traverse le parvis de l’église St-Etienne et la terrasse du bar Le Niagara en face. La peinture de la Fresque des Droits de l’Homme a perdu ses couleurs ; celle des cartes postales sur le mur borgne de la Place de la Mairie aussi. Les amoureux sur le banc public sont figés dans le bronze.
Ce soir la fête de la musique animera peut-être le lieu, si le ciel le veut bien. L’orage menace.
Scey-sur-Saône – Port-sur-Saône
Jeudi 20 juin
L’étape sera courte.
Ils quittent Scey-sur-Saône pour Port-sur-Saône situé à 1.75 heures de navigation pour 9 kilomètres et 2 écluses.
Aux deux écluses, le bateau de location qui les précède enclenche la bassinée sans laisser à «l’autre» le temps d’entrer. L’incivilité se rencontre même au fil de l’eau. Les algues colonisent la dérivation et le port. Les Voies Navigables de France (VNF) ont engagé de gros moyens pour les arracher.
Ils pensaient trouver une localité plus animée que Scey-sur-Saône. L’ambiance y est tout aussi morose même si les commerces sont plus nombreux. Ils se sentent un peu perdus dans un territoire oublié. Ici au moins ils trouvent un bistro ouvert à quelques pas du port.
Ils attendront demain soir la fête de la musique pour éventuellement revoir leur jugement.
Scey-sur-Saône
Mercredi 19 juin
Aujourd’hui ils marcheront.
Un sentier pédestre ombragé longe la route départementale jusqu’au village. Le ponton en amont des chutes d’eau est désert. Le distributeur automatique a remplacé la boulangerie. Le seul bistrot à portée de pas est fermé le mercredi. La pharmacie est ouverte ; ils n’en ont que faire. Le restaurant le plus proche du port, «Les Deux Ports», est fermé en attente d’une serveuse expérimentée. Ils rejoignent le bateau un peu dépités. L’épave indifférente repose en paix.
P.-S. Ils ont tout-de-même trouvé une supérette pour compléter les provisions.