Lundi 4 août
Parfois les pontons sont encombrés.
C’est le cas lorsqu’ils arrivent à Auxonne. Ils avaient pourtant quitté Saint-Jean-de-Losne vers 9:00 pour arriver à destination en fin de matinée. Au bon moment pensaient-ils, le moment où les bateaux qui ont décidé de larguer les amarres sont déjà partis, où ceux qui feront escale ne sont pas encore arrivés. Aujourd’hui ils ne trouvent aucune place libre aux pontons notamment squattés par des bateaux inoccupés. Ils amarrent «l’autre» à l’un d’eux, à couple, en attendant qu’une place se libère. D’autres ont fait de même avant eux. «Giacomo» un compagnon de port de Chagny que «l’autre» retrouve inopinément. Pendant que «l’autre» paressait à Fragnes et Saint-Jean-de-Losne, «Giacomo» a déjà fait une incursion à Dole, sur le canal du Rhône au Rhin, avant de rejoindre la Saône.
En début d’après-midi, une péniche libère un ponton. «Giacomo» et «l’autre» s’y installent.
Saint-Jean-de-Losne – Auxonne
Saint-Jean-de-Losne
Dimanche 3 août
Les nuages se sont un peu dissipés durant la nuit. Ils alterneront avec les éclaircies durant la journée.
Un temps à faire une lessive et sécher le linge au soleil. Ils prolongeront d’une nuit l’escale à Saint-Jean-de-Losne. Ils ne largueront pas les amarres sans aller dire au revoir à Jeanne ce soir.
Saint-Jean-de-Losne
Samedi 2 août
La nuit, l’orage les a épargnés, pas la pluie.
Sous le ciel maussade, ils vont chercher l’éclaircie chez Jeanne, dans son joyeux désordre coloré. Celles et ceux qui ont suivi «l’autre» lors de ses nombreuses escales à Saint-Jean-de-Losne savent qui est Jeanne, la tenancière du bar à tapas «Si par hasard...».
Saint-Jean-de-Losne
Vendredi 1er août.
Le ciel est indécis.
Il hésite entre nuages pluvieux et éclaircies timides.
Ils remettent à demain l’excursion en ville. Ils ont le temps. Ils avaient décidé d’une escale de trois nuits au moins.
«L’autre» n’est plus seul au ponton. Un bateau est venu attendre que passe l’orage annoncé.
Seurre – Saint-Jean-de-Losne
Jeudi 31 juillet
«L’autre»est parti pour rester.
A quelques 200 mètres du port, la dernière grande écluse de la Saône les attend portes ouvertes. Ils sont seuls sur la rivière. Les équipages des bateaux de location qui ont passé la nuit à Seurre ne sont pas encore réveillés.
Après 2.25 heures de navigation pour 17 kilomètres et 1 écluse, ils amarrent le bateau au ponton curieusement vide du camping les Herlequins à Saint-Jean-de-Losne.
Ici, «l’autre» se sent un peu chez-lui. Il ne compte plus les escales faites et le plus souvent prolongées. Ils annoncent d’emblée trois nuits de stationnement.
Seurre
Mercredi 30 juillet
«L’autre» est en eau connue.
A bâbord, la carte postale de Seurre : le pont et les immeubles emblématiques du quai de Saône ; à tribord, les voisins du port ; à la proue, l’Ile du Pont et la rivière ; à la poupe, les gradins du quai et la Ginguette.
La saison dernière, ils ont rencontré un couple de marins d’eau douce résidant à Seurre qui leur propose aimablement de les accompagner en voiture pour des courses encombrantes. Ils remplissent le réservoir d’eau du bateau et prennent soin d’eux.
La journée est trop avancée pour larguer les amarres.
Gergy – Seurre
Mardi 29 juillet
Aujourd’hui, ils sont matinaux.
La veille, en fin de journée, le ponton de Gergy s’est rempli, jusqu’à déborder. Dans la soirée, «l’autre» accueille à couple un bateau à la recherche désespérée d’un stationnement pour la nuit.
Ils doivent réveiller leurs voisins pour larguer les amarres à 8:00.
«L’autre» froisse délicatement la surface lisse de la rivière.
Après 3.25 heures de navigation pour 26 kilomètres et 1 écluse, ils amarrent le bateau à Seurre.
Fragnes – Gergy
A un moment ou à un autre, il faut bien larguer les amarres.
Le vent de la veille s’est calmé. Le ciel est nuageux, mais ne lâchera pas de pluie. Les conditions sont favorables pour naviguer. Ils franchissent l’écluse de Crissey, une chute de 11 mètres, pour accéder à la Saône. La rivière est curieusement déserte pour un mois de juillet.
Après 2.75 heures de navigation pour 21 kilomètres et 1 écluse, ils amarrent le bateau au ponton de la halte de Gergy.
Au centre du village, la boulangerie et le bistrot sont fermés, comme un lundi. La guinguette de la halte nautique est ouverte.
Fragnes
Samedi 26 juillet
«L’autre» n’est plus échoué ; pourtant c’est tout comme.
Ils paressent à Fragnes, découvrent des atouts insoupçonnés de la halte nautique. Ils connaissaient l’accueil chaleureux de la capitaine, le bistrot et la boulangerie. Ils apprennent qu’une ferme toute proche ouvre son magasin le samedi matin. Ils complètent leurs provisions.
Dimanche est en principe jour de repos.
Ils n’envisagent donc pas larguer les amarres avant lundi.
Fragnes
Jeudi 24 juillet
Ils font escale à Fragnes ; le temps de mettre de l’ordre dans les idées.
Le départ de Chagny, pourtant attendu, fut un peu précipité.
Une saison qu’ils pensaient compromise s’ouvre soudain pour deux mois.
Ils rejoindront la Saône, c’est sûr ; il n’y a pas d’autres issues. Ils mettront le cap au Nord, c’est décidé. Pour la suite, les options sont peu nombreuses. Les conditions de navigation sur les canaux alentours sont mauvaises : limitations de mouillage, proliférations d’herbes, avaries sur ouvrages. Ils resteront vraisemblablement sur la Saône et choisiront les escales au gré des circonstances et des envies, comme d’habitude.
Ici, au pied de la terrasse d’un bistrot, ils prolongeront l’escale.
Chagny – Fragnes
Mardi 22 juillet
Soudain, le temps est compté.
Tout s’accélère. Le mouillage est suffisant pour une évacuation des bateaux. La veille, six bateaux sont déjà descendus à Fragnes. Aujourd’hui, à 8:30, c’est leur tour. «Giacomo» devant ; «Pio» derrière ; «l’autre» au milieu. Serrés dans les écluses pour économiser les bassinées. L’eau est rare en amont.
La navigation est fluide, sans attente aux écluses. Ils savent qu’ils ne rencontreront pas d’autres bateaux. Après 3.25 heures pour 12 kilomètres et 11 écluses, ils arrivent à destination.
Les échoués de Chagny se retrouvent à Fragnes.
Chagny
Dimanche 20 juillet
Le temps est suspendu. Il s’écoule au rythme de la mise en eau du canal, en centimètres par jour.
«L’autre» flotte. Les nuages paradent.
L’évacuation des bateaux s’effectuera vraisemblablement dans le courant de la semaine à venir.
Chagny
Mardi 15 juillet
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
"L’autre" observe, perplexe, la construction du barrage destiné à la mise en eau provisoire du tronçon de canal de Chagny.
A moins de 5 mètres du barrage en sacs de sable, des rainures dans les parois du canal attendaient la mise en place de batardeaux. C’est ainsi que traditionnellement on procédait sur le canal pour établir un barrage. On a perdu la mémoire ou égaré les batardeaux dans des fonds de dépôts. On a décidé de faire moderne : convoi exceptionnel pour la livraison de sacs de sable et camion-grue pour la pose approximative des sacs. Après moins de trois jours de pompage, on constate le manque d’étanchéité du barrage. Après quatre jours de pause (fin de semaine prolongée), on engage les gros moyens pour tenter d’améliorer l’étanchéité du barrage bricolé : camions de livraison de terre grasse et pelle-mécanique pour doubler la digue en sacs de sable d’une butte en terre.
Ils seront bercés par le bruit de la génératrice qui alimente les pompes en électricité.
Chagny
Vendredi 11 juillet
Mieux vaut en rire qu’en pleurer.
Les pompes se sont arrêtées ce matin, après moins de trois jours de fonctionnement. L’entreprise mandatée ne travaille pas en fin de semaine ; une fin de semaine qui commence tôt et sera prolongée en raison du 14 juillet. Compte tenu du manque d’étanchéité d’un barrage bricolé, une partie de l’eau pompée sera perdue. Bientôt la végétation s’installera à bord de certains bateaux.
Chagny
Jeudi 10 juillet
La situation évolue.
La mise en eau du tronçon de canal de Chagny a débuté. Un barrage a été construit à l’aide de sacs de sable. L’eau est pompée dans le fond du canal en amont pour remplir le tronçon en aval. Considérant le volume d’eau à pomper, le débit des pompes, l’étanchéité relative du barrage, les bateaux échoués ne flotteront pas avant plusieurs semaines si le dispositif n’est pas amélioré. «L’autre», en second rang, bénéficie d’une profondeur d’eau un plus importante que ses compagnons d’infortune dont certains sont empêtrés dans la végétation qui n’a pas hésité à occuper les lieux.
«L’autre» se prépare à accueillir son équipage qui, dès demain, attendra à bord le déblocage de la situation.
Chagny
Chagny
Samedi 22 mai
Enlisé, «l’autre» imagine flotter.
Ils rappellent que le bief a été vidé le 11 avril suite à une fuite provocant des inondations au pied de la digue du canal. Ils passent quelques jours à Chagny, pour documenter la situation et revoir des amis. Aucune information précise quant à la remise en eau du canal n’est disponible. Ils doutent ouvrir leur carnet de bord cette saison.
Chagny
Lundi 21 avril
«L’autre» n’est pas prêt à larguer les amarres.
Il repose sur le fond du canal avec ses compagnons d’infortune.
Le bief a été vidé suite à une fuite provocant des inondations au pied de la digue du canal. Ils attendent patiemment les prochains avis à la batellerie pour être informés de l’évolution de la situation