Canal de Garonne (Meilhan - Toulouse)

Dimanche 24 juillet
Les éclaircies l’emportent sur les nuages. Ils quittent Meilhan-sur-Garonne vers 9:30, tournent le dos à Bordeaux et commencent à remonter le canal direction Toulouse. Le canal est encore endormi ; la surface de l’eau, encore lisse. Ils ont l’impression de flotter dans la frondaison des platanes qui s’y reflètent.
A Pont-des-Sables, ils passent sans incident le tronçon encombré d’herbes. Après trois heures et demie de navigation, une vingtaine de kilomètres et trois écluses, à l’approche du Mas-d’Agenais, ils amarrent le bateau à l’ombre de platanes pour la pause de la mi-journée,. L’insolite voisin d’escale de Meilhan les double. Après l’incontournable sieste, ils considèrent qu’il ne serait pas raisonnable de reprendre la navigation. «L’autre» passera la nuit sans voisin.





Lundi 25 juillet
Ils reprennent la navigation vers 9:30, comme la veille, pour une étape d’une vingtaine de kilomètres à destination de Buzet-sur-Baïse. Ils auront quatre écluses à franchir.
Sur le canal de Garonne, les écluses sont automatisées. A l’approche de l’écluse, il faut tourner une perche suspendue sur la voie d’eau pour commander la préparation de l’écluse; à l’intérieur de l’écluse, presser sur un bouton pour commander la bassinée. Dans le sens avalant, il suffit de descendre du bateau pour amarrer et accéder à la commande de l’éclusage; dans le sens montant, il faut grimper à l’échelle. Les écluses sont numérotées depuis Toulouse, début du canal. En passant celle de La Gaule , ils savent qu’ils en auront encore 41 à monter jusqu’à Toulouse. Les points kilométriques sont affichés sur les ponts. En passant sous le pont Morin, ils savent qu’ils sont encore à plus de 143 km de Toulouse.
Ils amarrent le bateau à Buzet-sur-Baïse vers 13:00, sur la rive d’en-face, pour être à l’ombre, à quelques mètres près de l’endroit où ils ont fait escale en descendant.
Les propriétaires de la péniche-habitation «Riana» roulent en 2CV rouge.







Mardi 26 juillet
Le port de Buzet-sur-Baïse est au soleil et le restera jusqu’en fin de journée. Ils ont amarré le bateau sur la berge d’en-face. Dès la fin de la matinée, ils y trouvent une ombre qui s’étendra au bateau en début d’après-midi.
A Buzet, deux écluses permettent de descendre sur la Baïse. En descendant la Baïse sur quelques cinq kilomètre et la Garonne sur autant, on rejoint le Lot. En ce mois de juillet, le tronçon de Garonne n’est pas navigable en raison d’un niveau d’eau trop faible. Ils doivent renoncer au Lot. Elle est soulagée. Ils pourront par contre remonter la Baïse sur une vingtaine de kilomètres, jusqu’à Neyrac. Au-delà, le risque de s’échouer est trop important. En attendant, ils passeront la nuit à Buzet et profiteront de l’escale pour compléter les provisions et nettoyer le bateau.



Mercredi 27 juillet
Ils décident d'une incursion sur la Baïse.

Mardi 2 août
Ils ont retrouvé Buzet hier, suite à leur incursion sur la Baïse.
Les batteries domestiques donnent des signes de faiblesse. Elles peinent à alimenter le groupe du circuit d’eau. Ils prennent conscience qu’ils ne les ont pas changées depuis l’achat du bateau, il y a sept ans. Et, ils doutent qu’à l’époque elles aient été neuves.
Ils attendent la panne pour réparer. Ils fonctionnent comme ça. Du coup, chez eux, la durée de vie d’une batterie passe de cinq à au moins sept ans. La capitainerie du port possède une petite boutique d’accastillage. Le modèle dont ils ont besoin n’est plus en stock. Le fournisseur livrera deux batteries en fin de journée ou demain matin. Ils passeront une nuit supplémentaire à Buzet-sur-Baïse et s’offriront une journée au ralenti comme ils les apprécient de temps à autre. Lorsqu’ils sont arrivés la veille, les meilleures places à l’ombre étaient prises. « L’autre » restera au soleil; eux s’installeront à l’ombre sur l’ancien chemin de halage et économiseront les batteries.


Mercredi 3 août
Les batteries neuves sont livrées en fin de matinée. Le temps de les installer en prenant garde de ne pas se bloquer le dos, c’est l’heure de l’apéro. Elle a décidé de ne pas larguer les amarres au-delà de la mi-journée sauf en cas de nécessité absolue. On ne pourra pas le suspecter du coup de la panne pour la nuit supplémentaire à Buzet-sur-Baïse.


Jeudi 4 août
Ils quittent Buzet-sur-Baïse à l’heure habituelle, vers 9:30, dans le sillage de la péniche «Saul Trader» de Gloucester qu’ils laissent s’engager seule dans la première écluse afin qu’elle soit à l’aise.
«L’autre» franchira l’écluse et les suivantes avec «Castor II», un bateau un peu plus à sa mesure. La cabane attend les pêcheurs. Ils arrivent à Sérignac-sur-Garonne vers 13:00. Le 13 juillet, ils y avaient déposé «Joe Dalton» en perdition. Aujourd’hui le quai est encombré de péniches britanniques. «Saul Trader» s’est mise en couple avec «Acadia». «L’autre» s’amarre sur la berge d’en-face, sous le platane, même si le soleil ne percera pas la couverture nuageuse. Ils auront droit à quelques gouttes de pluie.






Vendredi 5 août
«L’autre» a rendez-vous, demain à Boé, avec «Wietske», une péniche rencontrée l’été dernier sur le Rhône et le canal du Midi. En attendant, il passera la journée à Sérignac-sur-Garonne.
La couverture nuageuse se disloque. La journée s’annonce ensoleillée. Le platane n’offre son ombre au bateau que jusqu’à la mi-journée. Il y a du mouvement sur le quai d’en-face qui sera à l’ombre la seconde partie de la journée. Ils réussissent à y glisser «l’autre» entre le bateau à passagers «Saint-Louis» et la péniche «Artémis» qu’ils ont le sentiment d’avoir déjà rencontrée. Effectivement, c’était à Moissac; ils l’avaient noté. «Artémis» poursuivra la descente du canal. «L’autre» est déjà en train de le remonter. Il a trouvé plus lent que lui. Ça le rassure un peu.




Samedi 6 août
Impatient de rejoindre la péniche «Wietske», «l’autre» les bouscule un peu. Ils larguent les amarres à 9:00 à destination de Boé, banlieue sud-est d’Agen. A cette heure matinale, le canal est désert.
Une péniche repose en paix en attendant une improbable résurrection. Après une heure de navigation, ils sont face à l’épreuve de l’étape : quatre écluses en chaîne à grimper pour accéder au pont qui enjambe la Garonne. Le déversoir des silos a perdu l’espoir du prochain chargement. En amont du port d’Agen, la place sous le saule pleureur, où ils ont fait escale en descendant, est libre. Mais ils ont rendez-vous à Boé qu’ils atteignent vers 12:15. En aval de la halte nautique, le bateau à passagers «Saint-Louis», qui a quitté Sérignac la veille, fait escale. La péniche«Wietske» est amarrée en amont. «L’autre» trouve la place attendue sous les pins, celle qu’ils avaient repérée lors de l’escale du 9 juillet et qui était alors déjà occupée.












Dimanche 7 août
Ils profitent du marché du dimanche matin à Bon Encontre, village voisin de Boé, pour compléter les provisions et font un peu de ménage. Avec le couple de la péniche «Wietske», ils discutent d’entretien du bateau.
En raison de la forte concentration d’herbes sur le canal, il est nécessaire de nettoyer régulièrement le filtre du circuit d’eau de refroidissement du moteur. Ils ne se sont jamais souciés de le faire. Tant que le moteur ne surchauffe pas, ils ne s’inquiètent pas. Le cas échéant, ils ne sont pas certains de localiser le filtre et de savoir comment le nettoyer. Exercice pratique sous la supervision du capitaine de «Wietske». Le filtre ne contient aucune herbe et ils ne se sont pourtant pas trompés de filtre. «L’autre» est vraiment facile à vivre.


Lundi 8 août
«L’autre» a décidé de passer une journée d’escale à Boé avec «Wietske». Ils ne se voient pas souvent et ils ne se reverront sans doute pas avant une année.
Ils remonteront ensemble le Rhône à la fin de l’été 2017.


Mardi 9 août
Ils pensaient larguer les amarres en fin d’après-midi à destination de l’écluse 33, à quelques 5 km, pour prendre le repas du soir au restaurant «La Poule à Vélo» installé dans l’ancienne maison éclusière.
La veille, en voulant réserver une table, ils ont appris que le mardi et mercredi sont jours de fermeture. Ils n’attendront pas jeudi pour quitter Boé.
Vers 9:45, «l’autre» abandonne derrière lui «Wietske».
La centrale nucléaire de Golfech alimente la couverture nuageuse. Un héron se balade sur la berge d’un pas hautain. L’insolite épave est toujours là à les interpeller sur son activité perdue.
Au port de Valence-d'Agen toutes les places sont prises en face du décor du spectacle historique qui chaque année anime le canal début août. Ils amarrent le bateau en amont du port, au pied d’un talus difficile à franchir sans l’aide de la passerelle. Il est 13:00.








Mercredi 10 août
La veille, à la tombée de la nuit, le décor du port prend vie. Ils assistent au spectacle «Au fil de l’eau, une histoire ...» qui présente des scènes de la vie quotidienne le long du canal de Garonne du milieu du 19ème au milieu du 20ème siècle.
Ils feront escale une nuit supplémentaire à Valence-d’Agen. Sur la place centrale ils retrouvent, à l’ombre des arcades, la terrasse du «Grand Café de l’Industrie». L’ancien poids public a été mis sous cloche. Les «Vêtements au Bon Diable» ont fermé boutique. L’ancien commerce de cycles et cyclomoteurs tient bon. La pompe distribue le mélange essence-huile à 2.45 € le litre.







Jeudi 11 août
Ils quittent Valence-d’Agen vers 9:30. Le pont-tournant en aval du port de Moissac est fermé entre 12:30 et 13:30. Ils font une pause à Malause pour laisser le pont faire la sienne. La sieste sous les platanes a coupé leur élan. Ils arriveront à Moissac demain.


Vendredi 12 août
«L’autre» a passé une nuit agréable à l’ombre des platanes. Ils ont quelques scrupules à lui demander de quitter son abri pour reprendre la navigation sous le soleil.
Ils larguent les amarres vers 9:30 à destination de Moissac à 11 km et 2 écluses. Les écluses sont peu profondes et faciles à franchir. Les pêcheurs tournent le dos au canal pour lancer leur ligne dans la Garonne toute proche. La voie ferrée s’est installée en rive droite du canal. Le chemin de Compostelle emprunte l’ancien chemin de halage en rive gauche. Les marcheurs sont plus nombreux que les cyclistes. Ils pénètrent dans Moissac. A l’approche du pont tournant, ils ralentissent pour laisser passer un bateau. Le passage sera libre pour eux. Le port semble bien encombré. Les quelques places disponibles sont en rive droite peu protégée du soleil. Ils y amarrent le bateau vers 11:30. Une place se libérera peut-être en rive gauche durant leur escale. Ils ne doivent pas attendre longtemps. Au milieu de l’après-midi, ils mettent «l’autre» à gauche, derrière la péniche «Hodi».










Samedi 13 août
En descendant le canal, ils avaient fait escale à Moissac le 3 juillet. Ils étaient arrivés après le marché de fin de semaine. Cette fois-ci, ils ne le manqueront pas.
Ils reconnaissent les rues et retrouvent les terrasses de bistrots à coté de l’Abbaye. Les tricoteuses sur le parvis de l’église ont trouvé de la compagnie. L’Auberge du Cloître est toujours fermée et ne rouvrira pas avant longtemps. La palette des couleurs indique que Toulouse n’est plus très loin.







Dimanche 14 août
Au port de Moissac, les bateaux de passage sont minoritaires. Ici les bateaux s’installent, cultivent des jardins, enfilent de complexes tenues de camouflage contre le soleil. La proue des plus sédentaires accueille des herbes aquatiques.
On annonce 34 degrés. La journée sera moite et oisive. Le ventilateur tourne, branché sur l’électricité du quai. Heureusement, sur la rive gauche, les fauteuils sont à l’ombre dès la mi-journée. Et les terrasses devant l’Abbaye sont accueillantes. Ils reprendront la navigation demain matin pour Castelsarrasin où ils ont débuté la saison.





Lundi 15 août
On annonce 36 degrés. L’étape sera physique: 7 écluses à monter sur quelques 7 km. Les trois premières écluses en chaîne permettent d’accéder au pont canal qui enjambe le Tarn.
«Evelyn» a passé la nuit sous les platanes. Elle ne semble pas pressée de larguer les amarres. «L’autre» la comprend et la rejoindrait volontiers. D’une tape amicale sur le tableau de bord, ils l’encouragent à poursuivre sous le soleil. Ils atteignent le port de Castelsarrasin en sueur après 2.5 heures de navigation. Ils abandonneront le bateau quelques jours pour rendre visite à des amis près de Cahors. Ils fermeront le carnet de bord le temps de l’escapade sur terre ferme.
«L’autre» se sent un peu chez lui au port Jacques-Yves Cousteau. Il y a passé l’hiver.





Mardi 16 août
«L’autre» s’est endormi sous les veilleuses des bornes du quai.
En fin de matinée, ils prendront le train pour Cahors. Ils rassurent «l’autre»; ils reviendront sous peu.


Samedi 20 août
Ils ont rejoint le bateau hier en fin d’après-midi, après un voyage de trois heures dont une de trajet effectif en train: 75 minutes de Cahors à Montauban, escale de 2 heures à Montauban, 15 minutes de Montauban à Castelsarrasin.
La pluie s’est mise à tomber dans le courant de la nuit. Il continue à pleuvoir durant la matinée. C’est le premier véritable épisode pluvieux depuis leur départ. Ils profitent du temps maussade pour nettoyer le bateau et faire la lessive à la laverie de la capitainerie. Les sécrétions des platanes sont tenaces. Ils payent le prix de l’ombre indispensable; lui, à l’éponge abrasive; elle, à la serpillière. Ils prolongeront leur escale à Castelsarrasin d’au moins un jour pour récupérer de la fatigue des travaux de nettoyage.


Dimanche 21 août
L’épisode pluvieux n’aura pas duré. Hier en fin de journée, la couverture nuageuse a commencé à se déchirer. Aujourd’hui, nuages et soleil se partagent le ciel. Un vent d’ouest soutenu ventile le bateau. La température est agréable.
Ils achèvent les travaux de la veille par le nettoyage des vitrages. Soumis à un contrôle, l’essuie-glace, d’ordinaire déjà paresseux et capricieux, s’est mis hors service définitivement semble-t-il. Ils le remplaceront à la prochaine occasion bien qu’en principe ils ne naviguent pas sous la pluie.
Castelsarrasin, ils connaissent. Alors ils font leur ballade quotidienne dans le port à l’affût de bateaux insolites : le bateau à rames sponsorisé pour quelque croisière; l’habitation bricolée qui n’a gardé du bateau que le fait de flotter. Ils rencontrent un cousin de «l’autre», «A Kind of Hush».




Lundi 22 août
Ils quittent le port de Castelsarrasin vers 9:30 à destination de Montech situé à 13 km et 8 écluses, dont une chaîne de 5. Ils ont le soleil en face. Les prévisions annoncent 33 degrés et les plantations ne sont pas généreuses de leur ombre.
Le paysage défile monotone, agrémenté par les ponts et les écluses qu’ils comptent pour mesurer le parcours. «L’autre» croise «Senorita». Le feu est au vert à l’entrée des écluses en chaîne. «Senorita» les a vidées. Ils atteignent Montech vers 13:15 et trouvent une place pour «l’autre» à l’entrée du port, à côté de «Swan» déjà bâché pour l’hiver.








Mardi 23 août
Mardi est jour de marché à Montech. Ils en profitent. Dans le courant de l’après-midi, ils descendent le canal à vélos pour aller voir de près la fameuse pente d’eau de Montech.
L’ouvrage construit en parallèle au canal, mis en service en 1974, permet de franchir d’un coup une série de 5 écluses. De part et d’autre d’une rigole en pente, deux engins automoteurs de forte puissance, équipés d’un bouclier étanche, poussent en montée et retiennent en descente un triangle d’eau sur lequel flottent les bateaux. L’installation est hors service depuis 2009. La veille ils ont franchi les 5 écluses une à une.
Comme l’année dernière, ils s’offrent le repas du soir au Bistrot Constant, à l’extrémité nord du port, à quelques pas du bateau.
C’est à Montech que l’année dernière ils ont rencontré «Froggy», un petit, bateau de 4 m, équipé d’un moteur de 5 CV, qui achevait une traversée de la France, de Dunquerke à Bordeaux. Histoire de Traverser





Mercredi 24 août
Ils quittent Montech vers 9:45 h. Les péniches-habitations se sont installées au sud du port. Les résidents de «Barran» vont faire leurs courses en pédalo.
Ils sont à 43 km de la jonction du canal de Garonne et du canal du Midi, à Toulouse. Ils envisagent rejoindre le port de Toulouse en trois étapes. Ils n’ont par contre pas fixé les escales. Après quelques 2 km, ils franchissent l’écluse de Lavache. Ils en auront encore 9 à franchir avant d’entrer dans le canal du Midi. A la hauteur du pont de Montbartier, ils doublent une péniche-habitation qui n’a plus largué les amarres depuis si longtemps qu’elle est mentionnée sur leur carte fluviale. Désormais la voie ferrée longe le canal; elle le longera jusqu’à Toulouse. Ici comme ailleurs, les petites gares sont désaffectées. Mais ici, on les conservent. On ne sait jamais, ça peut toujours servir. Depuis l’année dernière la moissonneuse n’a pas bougé. Honteuse de ne plus fonctionner, elle se cache un peu plus sous la végétation. Le canal rectiligne est bordé à l’est par les pylônes de la voie ferrée; à l’ouest par des platanes trop jeunes pour porter de l’ombre avant le coucher du soleil. Ils naviguent depuis plus de deux heures et demie et ont parcouru une vingtaine de kilomètres. A la hauteur du village de St-Rustice, à l’approche d’un groupe de platanes un peu plus âgés, ils décident de planter les clous et d’amarrer le bateau. L’ombre sera fragile. Mais sur ce tronçon de canal, ils ne peuvent espérer mieux. Et jusqu’à Toulouse, ils ne pourront échapper à la voie ferrée.









Jeudi 25 août
Ils lèvent les clous vers 9:15 h. Le lecteur attentif se souviendra qu’ils n’avaient pas jeté l’ancre. Sur conseil de leurs amis de la péniche «Wietske», ils les replanteront, les clous, entre les écluses 3 et 2 où ils devraient trouver une enclave d’ombre.
Ils ont devant eux 7 écluses à franchir et 17 km à parcourir. Les écluses sont pleines. Devant chacune, ils doivent attendre qu’elle se vide. Ils ne croiseront aucun bateau avalant qui aurait pu en préparer pour eux. Après, la troisième écluse, un petit pont canal franchit une rivière. La voie ferrée fait de même en parallèle. Le canal est toujours aussi rectiligne, bordé d’une végétation toujours aussi avare de son ombre. A bâbord, toujours le paysage ferroviaire avec les voies de garage de zones industrielles à risque. La signalisation interdit tout amarrage. L’idée ne les aurait même pas effleurés tant les berges sont encombrées d’herbes aquatiques. L’année dernière ils avaient déjà relevé le caractère peu accueillant de ce tronçon du canal. Ils ne pouvaient s’attendre à ce que la situation change dans l’autre sens. Enfin l’écluse 3 de Fenouillet et la perspective attendue d’un coin d’ombre pour planter les clous et amarrer le bateau après quatre d’heures de navigation sous un soleil impitoyable. Le thermomètre affiche 34 degrés à l’ombre.











Vendredi 26 août
Contre toute attente, une couverture nuageuse s’est installée. Ils larguent les amarres vers 9:15 h à destination de Toulouse. Hier, le dernier bateau était avalant. Les écluses sont prêtes à les accueillir.
Ils en ont encore deux à franchir sur le canal de Garonne. Après la seconde, la ville s’annonce, avec sa banlieue industrielle et ses laissés-pour-compte. A l’approche du centre, les bateaux-logements succèdent aux abris précaires des sans-domicile-fixe. Ils s’engagent dans le canal du Midi et doivent encore franchir trois écluses avant d’atteindre le port St-Sauveur. Ils émergent de la troisième, profonde de plus de six mètres, face à la gare de Matabiau dont l’horloge indique 11:45 h. Les constructions qui bordent le canal sont maintenant dans le ton de la ville. La couverture nuageuse s’est dissipée. Les prévisions annoncent encore de fortes chaleurs jusqu’à dimanche. Ils passent le port qui n’offre aucune place à l’ombre pour amarrer le bateau à l’ombre des platanes et des immeubles de la Promenade du Docteur Albert Sallet.













Samedi 27 août
Ils avaient oublié les bruits du centre ville la nuit en fin de semaine. Il faut attendre le petit matin pour trouver un peu de calme et de fraîcheur. Ils font la grasse matinée, sur la couette; sous, il fait déjà trop chaud.
Au lever, ils constatent avec surprise qu’ils ont de nouveaux voisins, ceux de la péniche qui ne porte pas de nom. La péniche a dû s’amarrer discrètement tôt ce matin. Ils n’avaient rien remarqué. Elle est contente. En ville, en dehors des ports, elle aime bien avoir des voisins proches.
En attendant que le bateau soit à l’ombre, ils se baladent le long du canal du midi. Les bateaux-logements du centre ville sont plus grands et luxueux que ceux de la banlieue nord, comme d’ordinaire.
Ils feront escales quelques jours à Toulouse avant de s'engager dans le canal du Midi.






Dimanche 28 août
Ils se souviennent que le marché se tient le dimanche matin autour de l’église St-Aubin. Ils s’y rendent et retrouvent ensuite la terrasse du Bistrot du Matou en face de la Halle aux Grains.
Le ciel est couvert. Selon les prévisions, il le sera également demain. Ils en profitent pour prendre une place au port. Ils pourront recharger les batteries, chauffer la réserve d’eau chaude, remplacer une des deux bouteilles de gaz et faire une lessive. Ils seront prêts à se remettre à l’ombre en sauvage au retour du soleil et de la chaleur annoncé dès mardi.
Sur le quai d’en face, les deux maisons du 19ème résistent toujours.