Canal du Centre (Chagny - Digoin)

Mercredi 25 mai, Chagny

Ils ont rejoint «l’autre» lundi dernier, à Chagny sur le canal du Centre.
Cette année un comité d’accueil les attend : ceux du «Giacomo» avec lequel «l’autre» a passé l’hiver et ceux de la péniche "anima" en escale imprévue. «Giacomo» a largué les amarres hier. «Anima» prolongera l’escale jusqu’à dimanche. "L'autre" sera en bonne compagnie pour débuter la saison.





Vendredi 27 mai, Chagny

Ils respectent les jours fériés. Hier, ils ont suspendu les travaux de préparation du bateau. Aujourd’hui, ils ont repris les travaux de manière presque intensive : nettoyages, elle à l’extérieur, lui à l’intérieur, comme d’habitude ; optimisation des rangements. Ils connaissent leurs limites et confient le service moteur au chef du port. Ils pourront larguer les amarres en début de semaine prochaine.





Dimanche 29 mai, Chagny

«Anima» a largué les amarres discrètement. Ils se sont levés un peu trop tard pour lui dire au revoir. Demain ce sera le tour de «l’autre». «Anima» a mis le cap sur la Saône ; «l’autre» le mettra sur la Loire. Ils ne se croiseront pas et ne se reverront sans doute pas avant la fin de la saison.
Dimanche à Chagny est jour de marché. Ils complètent leurs provisions. Ce soir ils s’installeront au Grenier à sel et lèveront leur verre à la santé d’une passagère clandestine.





Lundi 30 mai, Chagny - Dennevy

Les péniches-hôtels circulent sur le canal du Centre et entretiennent le chenal.
La matinée est consacrée à quelques ultimes travaux de préparation. L’essai du moteur révèle une fuite dans le circuit de refroidissement nécessitant le remplacement d’un tuyau. En mode gaz, la commande piézoélectrique du réfrigérateur rechigne. Elle obtempère aux injonctions du chef de port.
Ils larguent les amarres en début d’après-midi à destination des quartiers d’hiver «d’anima» à Dennevy. Petite étape de mise en jambe : 1.5 heures de navigation pour 10 kilomètres et 2 écluses.





Mardi 31 mai, Dennevy - Saint-Léger-sur-Dheune

A ce rythme-là ils n’iront pas bien loin.
Un peu plus d’une demi-heure de navigation pour trois kilomètres et deux écluses.
Ça ira mieux demain. Ils n’ont plus d’escales commémoratives en vue. A Saint-Léger-sur-Dheune, ils ont rencontré ceux «d’anima». Lorsqu’ils y passent, ils font escale quel que soit le nombre d’heures de navigation effectuée.





Mecredi 1er juin, Saint-Léger-sur-Dheune - Saint-Julien-sur-Dheune

Enfin une étape un peu sérieuse.
Ils se présentent devant la première écluse à 9:00, heure d’ouverture. Les écluses s’enchaînent sans attente. Le canal est calme. «L’autre» dessine un sillage délicat pour ne pas déranger la faune de la forêt. Il sonne midi au clocher de la petite église de Saint-Julien-sur-Dheune, lorsqu’ils amarrent le bateau : un peu plus de 3 heures de navigation pour 13 kilomètres et 11 écluses. L’auberge Le Manoir est fermée. Elle n’a pas survécu à la pandémie et cherche repreneur.









Jeudi 2 juin, Saint-Julien-sur-Dheune - Montchanin

«L’autre» a passé la nuit tout seul à Saint-Julien-sur-Dheune.Ils larguent les amarres vers 9:00 sous un ciel couvert. Ils rencontrent la pluie à la première écluse ; l’orage, devant la deuxième. Ils amarrent le bateau avec les pieux et attendent que ça passe. Le canal est toujours aussi désert. C’est à se demander s’ils ne se sont pas égarés sur une voie d’eau peu fréquentable. Ils ne croiseront aucun bateau jusqu’à leur destination, Montchanin, au sommet du canal. 2.5 heures de navigation pour 7 km et 8 écluses.







Vendredi 3 juin, Montchanin - Blanzy

Rien ne les retient à Montchanin.
Malgré une couverture nuageuse menaçante et un risque annoncé d’orages, ils larguent les amarres un peu avant 9:00, pour l’ouverture des écluses, dans le sillage de «Bon viveur». Ils ne passeront pas entre les gouttes.
Désormais, ils descendent vers l’Océan. Après 2.25 heures de navigation pour 9 kilomètres et 7 écluses, ils amarrent le bateau à Blanzy. Le ciel est capricieux. Après s’être abrités de l’orage, ils doivent s’abriter du soleil.





Samedi 4 juin, Blanzy - Montceau-les-Mines

L’orage de la nuit a lavé le ciel, repassé sans un plis.
«L’autre» reprend la navigation vers 9:00, comme d’habitude, avec dans son sillage «Scaldia». Ils ont fait la connaissance d’un couple de mariniers retraités partis de Belgique en avril. L’étape sera courte : une petite heure pour 4 kilomètres et 2 écluses. Ils amarrent le bateau au port de Montceau-les-Mines. Le marché les attend sur le quai. «Scaldia» poursuit sa route. Au fil de l’eau les rencontres sont éphémères. Parfois les routes se recroisent.
Ils n’échapperont sans doute pas à l’orage cette nuit.









Dimanche 5 juin, Montceau-les-Mines

La nuit fut agitée.
Ils n’ont pas échappé à l’orage. L’épisode fut violent : fortes pluies et rafales de vent. Il s’en fallut de peu que la table de la terrasse ne passe à l’eau.
Ils resteront au port aujourd’hui pour récupérer d’une nuit mouvementée. La tempête a laissé des traces. Les parasols des terrasses sont en berne. Le «club vert» imperturbable continue à voir la vie en rose.
Dans l’après-midi, l’orage gronde à nouveau et une trombe d’eau dilue le paysage. Ils ne savent pas encore quand ils largueront les amarres.









Lundi 6 juin, Montceau-les-Mines

Ils passeront une nuit supplémentaire à Montceau-les-Mines. Le temps de récupérer de la nuit orageuse de samedi à dimanche qui a laissé des traces ; le temps également de se balader en ville.
Ils ont trouvé leur terrasse à quelques pas du port, sur le chemin de la zone piétonne. La ville n’a pas le pittoresque d’un ancien bourg médiéval mais le charme discret d’une cité industrielle qui s’est développée entre le 19ème et 20ème siècle. Le centre ville mêle avec désinvolture l’historicisme du 19ème, l’art-déco et le modernisme du 20ème. Quelques friches regrettent encore le temps où le port était occupé par les péniches commerciales.













Mardi 7 juin, Montceau-les-Mines - Génelard

Ils poursuivent la descente vers La Loire.
En quittant le port de Montceau-les-Mines, ils passent trois ponts : le premier, levant ; le deuxième, levis ; le troisième, basculant. Après 3.5 heures de navigation pour 18 kilomètres et 7 écluses, ils amarrent le bateau à Génelard. L’estaminet est à vendre. Il reste le Café de La Poste. Ici, les monuments sont les industries désaffectées.













Mercredi 8 juin, Génelard

Ils ne navigueront pas aujourd’hui.
Le temps est à la pluie. Celles et ceux qui les suivent savent qu’ils évitent de naviguer par temps de pluie. De plus, ils se sentent bien à la halte de Génelard, au pied de l’écluse. Le bistrot et l’épicerie sont à proximité. Un merisier offre généreusement ses fruits, à quelques pas du bateau. Les nuits sont calmes.
La météo annonce des éclaircies pour demain après-midi.







Jeudi 9 juin, Génelard - Paray-le-Monial

Comme prévu, le ciel s’éclaircit en fin de matinée.
Ils larguent les amarres vers 13:00. La descente vers La Loire est douce. Les écluses sont moins fréquentes et moins profondes que sur le versant Saône. Après 3.5 heures pour 20 kilomètres et 7 écluses, ils amarrent le bateau à la halte de Paray-le-Monial. Un rapide repérage confirme que la ville mériterait une escale de deux nuits au moins. Mais le caractère de la halte nautique n’y invite pas. Ils décideront demain après l’expérience d’une première nuit.





Vendredi 10 juin, Paray-le-Monial

Ils passeront une nuit supplémentaire à Paray-le-Monial. En fin de semaine, la circulation routière devrait être réduite au petit matin.
Le vendredi est jour de marché à Paray-le-Monial. Ils en profitent pour compléter les provisions. Le paysage change radicalement. Ici, le patrimoine n’est pas industriel, mais religieux. Et la religion semble se porter mieux que l’industrie. Entre la Basilique, la Chapelle des Apparitions, l’Accueil des pèlerins et les boutiques d’articles religieux, ils peinent à trouver le bistrot et la terrasse à leur convenance. Ils ne se désaltèrent pas que d’eau bénite. Avec le retour du soleil, la température à bord est montée à plus de 30 degrés.











Samedi 11 juin, Paray-le-Monial - Digoin

Une étape comme ils ne les aiment pas.
Ils larguent les amarres un peu plus tard que d’habitude. Le temps de laisser passer la péniche «Maria» et de lui permettre de prendre de l’avance. Peu après la halte nautique, le canal est bordé d’arbres. A tribord, la berge est équipée de bollards. Ils notent l’endroit sur la carte. «L’autre» rejoint «Maria» après la dernière écluse du canal du Centre. Le bief qui mène à Digoin est encombré d’algues. Au ralenti derrière «Maria», «l’autre» se prend l’hélice dans les herbes. Des marches arrières successives sont nécessaires pour libérer l’hélice. Le moteur chauffe. Compatissants, ils offrent une pause à «l’autre» pour laisser «Maria» reprendre de l’avance. Après 2.5 heures de navigation pour 12 kilomètres et 3 écluses, ils amarrent le bateau à Digoin à côté d’un voilier égaré. Que Digoin leur plaise ou non, ils y passeront deux nuits pour oublier l’étape et décider de la suite.











Dimanche 12 juin, Digoin

Ils sont amarrés rive gauche. Ils préfèrent.
Le centre ville est à droite. Ils franchissent le canal par le pont de l’avenue de Launay et prennent à gauche l’avenue du Général de Gaule. Ce n’est pas ici qu’ils trouveront une terrasse de bistrot agréable. Par expérience, ils savent qu’il faut viser l’église. Les cigognes ont fait de même.
Ils sont arrivés à la fin du canal du Centre. Deux possibilités s’offrent à eux :
le canal latéral à la Loire, direction nord-ouest ; le canal de Roanne à Digoin, direction sud. Ne sachant s’ils reprendront la même voie d’eau pour le retour, ils décident d’aller visiter Roanne avant de revenir à Digoin et de poursuivre sur le canal latéral à la Loire.