Jeudi 18 septembre
Bientôt on oubliera qu’il y avait de l’eau et des bateaux.
Ils ont loué des vélos pour monter jusqu’à Chagny et observer le canal asséché. La voie cyclable longe la voie d'eau. A vélo, comme en bateau, ils comptent les écluses pour évaluer la progression.
Ils ferment le carnet de bord comme ils l’ont ouvert, par une illustration du port d’attache sinistré.
«L’autre» passera l’hiver à Fragnes avec les compagnons réfugiés, sous la surveillance bienveillante de Céline.
Chagny
Gergy – Fragnes
Samedi 13 septembre
Dernier lever de soleil sur la Saône.
La nuit a été calme. Le vent a retenu son souffle. Les pontons déglingués n’ont pas couiné. La surface de l’eau est lisse. «L’autre» largue les amarres dans le sillage de «Giacomo» pour la dernière étape de la saison. L’écluse de Crissey les attend portes ouvertes pour monter sur le Canal du Centre.
Ils rejoignent à Fragnes les réfugiés de Chagny.
Seurre – Gergy
Vendredi 12 septembre
Dernière écluse de la saison sur la Saône.
Ils ont largué les amarres dans le sillage de Giacomo, comme la veille.
Après trois heures de navigation, ils sont soulagés de trouver une place à la halte nautique de Gergy.
Ancien port spécialisé dans la manutention d’hydrocarbures, le site a été racheté, à sa fermeture dans les année 1980, par la commune pour développer le tourisme fluvial en associant halte nautique et camping.
L’estacade en béton sur pilotis et les pontons se déglinguent à l’image de trop nombreuses voies navigables. La guinguette du camping reste accueillante.
Saint-Jean-de-Losne – Seurre
Jeudi 11 septembre
«L’autre» est sur le chemin du retour.
De Saint-Jean ils ont fait le tour. Ils ont profité des installations du camping pour faire une lessive, des commerces pour compléter les provisions, de la guinguette pour prendre apéros et repas.
Ils ont hésité à reprendre la navigation. Le ciel était chargé, le vent soutenu. Des conditions qu’elle n’apprécie pas.
Entraînés dans le sillage de «Giacomo», ils ont largué les amarres et font escale à Seurre, 44 jours après s’y être arrêtés à l’aller.
Saint-Jean-de-Losne
Lundi 8 septembre
«L’autre» attend l’éclaircie.
Il a été rejoint au ponton par un compagnon avec lequel il a quitté Chagny de manière précipitée à la mi-juillet.
Ils ont le temps. Ils ne sont qu’à trois étapes de Fragnes où «l’autre» passera l’hiver en espérant pouvoir rejoindre son port d’attache au printemps prochain.
Ils ont été informés qu’un préavis de grève a été déposé pour le mercredi 10 septembre ; grève susceptible d’affecter le bon fonctionnement des écluses en aval. Ils ne savent pas encore quand ils largueront les amarres. Dans l’attente, ils ferment leur carnet de bord.
Abergement-la-Ronce - Saint-Jean-de-Losne
Dimanche 7 septembre
«L’autre» s’est endormi la proue dans les roseaux.
Il s’est poussé pour faire de la place à un bateau en quête d’amarrage à la fermeture des écluses.
Ils rejoindront Saint-Jean-de-Losne avant les averses orageuses prévues pour demain. Le ciel est clair. Pas un souffle de vent ne trouble la surface du canal. Il faut être attentif pour ne pas perdre la boussole dans un paysage abstrait. Contrairement à la veille, la navigation est fluide ; l’attente aux écluses, faible. Après deux petites heures, le ponton du camping de Saint-Jean-de-Losne est en vue. En jouant des coudes, «l’autre» réussit à s’y faire une place.
Dole – Abergement-la-Ronce
Samedi 6 septembre
Certaines étapes bégayent.
Ils ont prévu une petite étape : 6 écluses descendantes sur 12 kilomètres.
Ils laissent partir avant eux une péniche et attendent une bonne demi-heure pour larguer les amarres. En raison d’une panne de télécommande, la péniche est bloquée dans la première écluse à la sortie du port de Dole. Il n’y a pas de place dans l’écluse pour «l’autre» qui devra patienter.
«L’autre» se glisse entre deux péniches au ponton de Choisey pour faire une pause et laisser le bateau qui le précède prendre de l’avance. La pause n’est pas suffisante. Ils doivent patienter devant les deux dernières écluses du trajet pour laisser descendre la péniche.
Ils ont prévu faire escale pour la nuit au quai de l’Abergement. La péniche a décidé de s’y amarrer également. Pas de place pour «l’autre». La péniche qui reprendra la navigation en début d’après-midi propose à «l’autre» de patienter amarré à couple. «L’autre» fait la connaissance de «Dageraad».
Ils savent qu’ici la nuit sera calme, bercée par les cloches de l’église.
Dole
Vendredi 5 septembre
Ils écourteront l’escale à Dole.
Météo France prévoit deux jours d’éclaircies avant une période pluvieuse d’une semaine. Ils largueront les amarres demain pour rejoindre Saint-Jean-de-Losne en deux étapes, avant le mauvais temps.
En attendant, ils profitent de l’éclaircie. Ils complètent les provisions au marché couvert et retrouvent une de leurs terrasses préférées, celle de la Place aux Fleurs, dans le dos des Mégères, à côté de la Fontaine à l'Enfant.
Ce soir, ils choisiront une terrasse au Canal des Tanneurs. Ici, Savagnin et Poulsard complètent agréablement la carte des vins. Ils retrouveront bien assez vite Chardonnay et Pinot noir.
Dole
Dole est triste sous la pluie.
Les terrasses mouillées du Canal des Tanneurs sont désertes. Ils en ont profité la veille au soir avant que ne s’installent les averses orageuses.
Les prévisions météo sont pessimistes. Des éclaircies sont prévues pour la fin de la semaine avant une nouvelle période pluvieuse. Ils devront sans doute écourter l’escale à Dole pour ne pas naviguer sous la pluie.
Elle a remarqué que la collégiale ne sonne pas les heures la nuit. Elle regrette.
Abergement-la-Ronce - Dole
Mercredi 3 septembre
Sur le canal, ils comptent en écluses.
Ils bassinent autant qu’ils avancent. Aujourd’hui, 6 écluses sur 12 kilomètres. Après 2.5 heures de navigation, sans attente aux écluses, ils amarrent le bateau au port de Dole, au pied de la vieille ville dominée par le clocher de la Collégiale Notre-Dame.
Elle apprécie les escales où un clocher sonne les heures. La veille, à l’Abergement-la-Ronce, l’église donnait l’heure, jour et nuit, deux fois, pour le distrait qui n’aurait pas d’emblée compté les coups.
Saint-Jean-de-Losne – Abergement-la-Ronce
«L’autre» a quitté la rivière pour le canal.
Ils remontent la Saône sur un peu moins de cinq kilomètres et prennent à tribord l’embranchement du Canal du Rhône au Rhin.
En d’autres saisons, ils atteignaient Dole en une étape depuis Saint-Jean. Au fil des saisons, ils ralentissent. Ils font escale à l’Abergement-la-Ronce, à peu près à mi-parcours. Ils ont appris qu’une guinguette, «La Cabane», a ouvert il y a quelques mois à moins de 500 mètres du quai.
«L’autre» se rassure; il n’est pas seul à raccourcir les étapes.
Saint-Jean-de-Losne
Lundi 1er septembre
Le ciel n’a pas voulu.
Jeanne ne reçoit et ne sert qu’en terrasse. La pluie et le vent les ont contraints à manger à bord hier soir. Ils prolongent l’escale pour une nouvelle tentative ce soir en défiant un ciel malveillant.