Fin de saison

Jeudi 18 septembre
Le jeudi est jour de marché à Verdun-sur-le-Doubs. La matinée est consacrée au renouvellement des provisions ; l'après-midi, aux nettoyages du bateau ; lui à l'intérieur, elle à l'extérieur. En fin d'après-midi, les nettoyages ne sont pas encore achevés, suffisamment avancés toutefois pour recevoir correctement à bord les visites attendues le lendemain.
En début de soirée, une petite pluie se met à tomber. Durant la nuit, la pluie devient abondante et orageuse.

Vendredi 19 septembre
Le ciel est gris.
Ils attendent leurs amis pour le début d'après-midi. Ils ont l'intention de leur offrir une petite expérience de navigation fluviale en leur proposant de monter à Seurre pour y passer la nuit : quelques deux heures de navigation avec le passage d'une écluse de grand gabarit. Pour autant que le temps ne se gâte pas ... Après un repas de midi à bord, malgré un ciel couvert laissant présager la pluie, ils larguent les amarres vers 16:00. Leurs amis sont des navigateurs chevronnés du lac Léman. Ils sont impatients d'expérimenter la navigation fluviale. Lui, prend la barre ; elle, aide au passage de l'écluse ; eux, apprécient d'être passagers. Une petite pluie les accompagne tout le long du trajet, sans pour autant gêner la navigation.

Samedi 20 septembre
Samedi est jour de marché à Seurre. Après quelques achats au marché et une pause terrasse, ils reprennent la navigation en fin de matinée pour faire en sens inverse le trajet de la veille, mais cette fois-ci sous le soleil.
De retour au port de Verdun, ils ont la surprise d'une visite inattendue, celle de Jeannine. Décidément, elle semble les suivre.

Dimanche 21 septembre
Leurs amis les quittent en début d'après-midi. Des nuages et une petite pluie rafraîchissent une température qui serait presque devenue trop chaude. Ils flemmardent le reste de la journée.

Lundi 22 septembre
Le jeudi 25 septembre, ils amèneront le bateau au port de Le Châtelet situé au nord de Seurre sur un tronçon de la Saône désaffecté suite à la construction de la dérivation de Seurre. Le tronçon concerné n'est navigable que jusqu'à Le Châtelet, au pied de l'ancienne écluse du même nom. Le port est géré par leur mécanicien qui se chargera d'amener le bateau à son chantier de Seurre pour l'hiverner et le mettre à sec. En attendant, ils resteront à quai à Verdun-sur-le-Doubs.
Malgré des passages nuageux parfois importants, le temps est orienté au beau. La température est agréable pour poursuivre les nettoyages du bateau … et fainéanter.
Le ballet des bateaux de plaisance anime le port qui se vide au cours de la matinée et se remplit au cours de l'après-midi. Le paysage est parfois barré par les péniches commerciales qui se rendent, vides, aux silos situés quelques centaines de mètres en amont et en reviennent, pleines.





Mardi 23 septembre
Le vent qui a soufflé toute la nuit a nettoyé le ciel de tout nuage.
Au lever, pourtant pas très matinal, la température à bord est plutôt fraîche (12 degrés).
Les observateurs attentifs des photos ont sans doute remarqué que le coffre en toiture a changé d'emplacement dès le 25 août. Constatant que la charge était trop importante pour le dispositif du toit coulissant, ils ont déplacé le coffre sur le toit de la partie arrière en le fixant provisoirement avec des tendeurs. Ils le fixeront de manière définitive en déplaçant et adaptant la structure mise en place sur le toit coulissant. Ils compléteront également la réserve de gazole (un premier jerrycan aujourd'hui, un second demain) pour remplir le réservoir avant l'hiver. Et ils poursuivront les nettoyages du bateau … pour autant que la paresse les y autorise.
Le coffre du toit est fixé. La réserve de gazole est complétée d'un jerrycan. Les nettoyages par contre n'ont pas avancé. La paresse s'y est opposée.
Le port, quasi vide en fin de matinée, s'est à nouveau rempli en fin de journée. La saison des locations bat encore son plein.


Mercredi 24 septembre
Le soleil peine à percer la couverture nuageuse.
Les cygnes quémandent de la nourriture à peine ont-ils repéré de l'activité à bord.
En fin de matinée, les bateaux de passage ont tous quitté le port. Ne restent que les résidents. Dans le courant de l'après-midi, le port se remplit à nouveau pour la nuit. C'est toujours le même mouvement. Le ciel restera couvert toute la journée. Une petite pluie tombera même. Il faudra attendre la fin de la journée pour que le soleil daigne colorer le paysage devenu automnal.
La réserve de gazole est complétée d'un second jerrycan.
Et les nettoyages ? Tout bien considéré, au-delà des apparences, ils estiment que le bateau est propre. Ils se promettent de consacrer du temps aux nettoyages, le printemps prochain, avant la mise à l'eau du bateau. De toute façon, durant la longue pause hivernale le bateau se souillera, même hors de l'eau.
Ils cultivent la paresse comme une vertu capitale, n'en déplaise à Thomas d'Aquin qui doit en perdre son auréole.



Jeudi 25 septembre
Le ciel s'annonce plus ensoleillé que hier.
Les lecteurs maintenant le savent, le jeudi est jour de marché à Verdun-sur-le-Doubs. Ils font quelques provisions pour la journée avant de larguer les amarres vers 10:30 h en jetant, par-dessus l'épaule, un dernier regard sur le port de Verdun-sur-le-Doubs qu'ils retrouveront au printemps. Ils franchissent l'écluse d'Ecuelle pour la troisième fois de la saison. En approchant de Seurre, ils passent devant le chantier où le bateau sera mis à sec et s'engagent sur le tronçon de la Saône qui conduit à Le Châtelet. Le port est situé au pied d'une ancienne écluse. Ils y amarrent le bateau vers 14:30. Le bras de la rivière n'est plus navigable au-delà. Depuis la construction de la dérivation de Seurre, les quais et rampes de mise à l'eau du Châtelet se sont enlisés dans les prés.
Ils consacrent une partie de l'après-midi à faire leurs bagages ; l'autre, à prendre l'ambiance du port où ils passeront leur dernière nuit à bord. Demain, en fin de matinée, un couple d'amis viendra les chercher. Ils regagneront leur domicile sur la terre ferme.
Il est temps de refermer le carnet de bord. Ils ne le rouvriront qu'au printemps 2015, sauf circonstances particulières.

La Saône (Corre - Verdun-sur-le-Doubs)

Jeudi 4 septembre
A l'attention de ceux qui n'auraient pas pris la peine de lire le précédent article, ils rappellent qu'ils sont à Corre, dans la marina de Corre.
Un couple suisse-allemand, qu'ils avaient déjà rencontré lors de leur escale à Fontenoy-le-Château, a amarré son bateau-logement à la marina de Corre où il a élu domicile, comme d'autres compatriotes. Il cultive son jardin en terrasses sur la berge du plan d'eau.
Un bateau des années 60 s'est échoué sur l'empierrement qui borde la terrasse du bar-restaurant de la marina pour afficher, par sa devise et son origine, la présence suisse. Pour ceux qui ne le sauraient pas (rassurez-vous, ils ne le savaient pas avant de faire quelques recherches), « spiboot » est une marque de bateaux en aluminium fabriqués en Suisse dans les années 50-60.
Il fait beau est presque trop chaud. Il aura fallu attendre septembre pour goûter à l'été.
Demain ils reprendront la navigation et commenceront à descendre la Saône.


Vendredi 5 septembre
Ils quittent la marina de Corre vers 9:00 h, enveloppés par le manteau de brume de la Saône. On perçoit le ciel bleu à travers la brume matinale. Il fera beau et chaud, comme hier.
Alternance entre la sinuosité de la rivière et le tracé rectiligne des dérivations. La voie d'eau prend de l'ampleur. Le paysage s'ouvre : à la forêt de la vallée du Coney succède la campagne de la plaine de la Saône. Les écluses s'espacent. Contre leur attente, le courant de la rivière n'est pas perceptible. La voie d'eau est quasi-déserte. Ils ne croisent qu'un seul bateau en navigation. Ambiance d'arrière-saison. Ils rencontrent quelques bateaux amarrés, dont un du même modèle que le leur. C'est le deuxième ; le premier, ils l'avaient rencontré à Toul.
A 12:00 h, après 28 km et 3 écluses, ils amarrent le bateau à Fouchécourt. Ils tiennent leur résolution : pas d'étape de plus de trois heures, sauf circonstances exceptionnelles.
« Plus lent qu'un lézard au soleil de septembre » chante David McNeil.
De plus, le petit port, dans un écrin de verdure, mérite une escale. Bar-restaurant à la capitainerie et le capitaine-cuistot est sympathique. Un navigateur qui à la fin de la saison prend la mer vers le sud.
Ils prendront le repas du soir à la capitainerie. A la table voisine, un couple d'agriculteurs fête sa dernière récolte de regain. Il a vendu la ferme et envisage une retraite toute prochaine en espérant des voyages qu'il n'a pu réaliser avec deux semaines de vacances volées de temps à autre au cours des années.








Samedi 6 septembre
Brume matinale. Ils attendront qu'elle se dissipe pour reprendre la navigation. Leur objectif est modeste : Port-sur-Saône à 16 km et 1 écluse. Il devrait réaliser le trajet en moins de 2 heures.
La brume n'est pas totalement dissipée, mais suffisamment pour reprendre la navigation. Il est 9:30 h. Ils laissent derrière eux le petit port endormi. Sous la brume, la rivière somnole encore. Les rares bateaux croisés sont amarrés.
Les écluses sont commandées par une perche à tourner, pendue sur la voie d'eau. Elle tourne la perche. L'écluse ne réagit pas. Elle téléphone au PC et, après deux tentatives, tombe sur une agence immobilière. Dans l'intervalle, il a fait demi-tour pour revenir sur la perche. Elle la tourne, cette fois-ci, de manière un peu énergique. Le feu de l'écluse se met au vert. Ils ne se sont pas levés tôt ; elle a pourtant autant de peine à émerger de la couette que la Saône de la brume.
Il faut attendre 10:30 pour que le soleil commence à projeter des ombres, à mettre en relief et en couleur le paysage.
Ils pénètrent dans Port-sur-Saône vers 11:15 h et amarrent le bateau au port communal de Port-sur-Saône un peu avant 11:30 h. Les étapes sont de plus en plus brèves. Ils approchent de la fin de leur périple. Ils ralentissent en sachant maintenant qu'ils ont le temps.







Dimanche 7 septembre
Aujourd’hui pas de brume matinale mais une couverture nuageuse qui ne laisse, pour l'instant, pas de place au soleil.
Bien qu'il soit dimanche, qu'ils soient en avance sur le programme, ils ont décidé de naviguer jusqu'à Scey-sur-Saône. Port-sur-Saône n'a pas su les retenir. Le village cache bien ses charmes. Le seul bistrot pas trop éloigné du quai a posé sa terrasse en bordure immédiate d'une nationale à fort trafic.
Ils larguent les amarrent vers 9:30 h. Le soleil commence à se faire une place entre les nuages. En navigant à ces heures « matinales », ils dérangent les oiseaux à la chasse aux moustiques à fleur de l'eau. Ils devraient mettre 1.5 heures pour parcourir les quelques 10 km et franchir les 2 écluses qui les séparent de leur destination. Suite à l'expérience de la veille, elle tourne énergiquement la perche de commande des écluses ; celles-ci réagissent sans rechigner. Trafic inattendu : ils croisent 6 bateaux dont plusieurs de location. Les vacances ne sont pas terminées pour tout le monde.
Ils amarrent le bateau vers 11:00 h, comme prévu, au port de Scey-sur-Saône. Le port communal est situé sur une dérivation qui coupe un méandre de la Saône, en face de celui de la base de location Locaboat. Un ponton accueille également les bateaux au cœur du village, implanté sur le méandre de la Saône, juste avant un barrage. Leur guide fluvial déconseille de rentrer dans le bras de Scey « car il est réservé au ski nautique et le demi-tour devant le barrage présente quelques dangers ». Un barrage est une chute destinée à couper le courant de la rivière.
Ils se rendent au village à vélos pour tenter d'effectuer des achats urgents avant midi. Ils trouvent un petit supermarché ouvert. Ils ont également la possibilité d'observer la halte nautique du village. Ils ne comprennent pas la mise en garde de leur guide : ni ski nautique, ni courant marqué devant le barrage. Deux bateaux sont amarrés au ponton. Ils y déplaceront peut-être le leur demain. En attendant, ils profiteront des services du port municipal pour la nuit.








Lundi 8 septembre
Ni brumes matinales, ni nuages. Le ciel est totalement dégagé.
Hier ils n'ont effectué que les achats urgents. Ils doivent compléter leurs provisions. Le village offre un supermarché. Ils ne sont pas équipés pour faire de gros achats à vélos. Ils n'ont pas le courage de se rendre au village à pieds et de porter sur plus de 1 km des sacs à provisions chargés. Ils iront donc faire leurs achats en bateau puisqu'un ponton est prêt à les accueillir au cœur du village.
Vers 9:30 h, ils larguent les amarres, remontent la dérivation parcourue hier, retrouvent la Saône et s'engagent dans le bras de Scey, malgré la mise en garde de leur guide fluvial. Ils amarrent le bateau au ponton du village une petite demi-heure plus tard. Record d'étape battu, non seulement en temps, mais également et surtout en distance puisqu'ils ont reculé de quelques 3 km. Le renouvellement des provisions est achevé avant midi. Ils ont devant eux une journée d'oisiveté à l'ombre des arbres qui bordent le ponton.Le courant en amont du barrage est à peine perceptible, en raison du niveau d'eau relativement faible de la rivière. Elle a pourtant tenu à amarrer le bateau à trois anneaux, en cas de crue soudaine durant le nuit.
Au village, les façades racontent parfois des histoires un peu confuses.





Mardi 9 septembre
Le bateau est bien amarré au ponton. Pas de crue durant la nuit ; le courant est toujours aussi faible en amont du barrage. Pourtant elle n'a pas bien dormi.
Contre toute attente, le ciel est couvert.
Il reprennent la navigation vers 9:00 h avec l'intention de faire une escale à Ray-sur-Saône.
Ils refont le bras de Scey en sens inverse pour emprunter à nouveau la dérivation, passent devant le port municipal et reprennent le trajet là où ils l'avaient laissé l'avant-veille. Une nouvelle dérivation avec un tunnel, celui de St-Albin, coupe un autre vaste méandre de la Saône. Un trafic dense les oblige à patienter devant une écluse. Encore quatre dérivations, qui coupent des méandres plus ou moins importants de la rivière, et Ray est en vue. Pour atteindre le village, il faut remonter un bras de la Saône, à la sortie d'une dérivation. Un signal indique une limitation du tirant d'eau à 1 m. Ils ont encore en mémoire l'échouage de l'année dernière sur un bras de la Loire, à Decize, dans des circonstances analogues. Ils renoncent de mettre le cap sur Ray et décident de poursuive la navigation jusqu'à Savoyeux. Un bateau s'est amarré, à ses risques et périls, sous un signal interdiction de stationner ; il ne s'est pas remis de son infraction. Les vaches ne sont pas seules à regarder passer les bateaux ; les moutons également.
Ils amarrent le bateau au port de Seveux-Savoyeux géré par la société Saône-Plaisance, vers 14:00 h. Une étape de cinq heures. Reprendraient-ils de mauvaises habitudes ?
En début de soirée, l'orage gronde alentours.









Mercredi 10 septembre
Ils ont été épargnés par la pluie et l'orage. Le ciel est par contre nuageux. Pas de place pour le soleil en ce début de journée.
Ils passeront la journée à quai pour récupérer de l'étape de la veille. A 9:00 h, ils en sont encore au petit-déjeuner.
Le port de Savoyeux, comme celui de Scey-sur-Saône, est situé sur une dérivation qui coupe un méandre de la Saône. Sans ces nombreuses dérivations, le parcours serait beaucoup plus sinueux et plus long. Les points kilométriques (PK) jalonnent le cours de la rivière de Lyon à Corre, extrémité de la voie navigable : 407 km. En descendant la Saône, la distance au confluent avec le Rhône se réduit. Le port de Savoyeux est situé au PK 314 ; la jonction avec le Doubs, où se terminera leur périple, au PK 167. Ils ont donc parcouru l'équivalent de 93 km de Saône depuis Corre ; il leur en reste à parcourir 147 jusqu'à leur port d'attache. Moins en réalité, compte tenu des dérivations. Ces considérations n’intéresseront que moyennement le lecteur. Ils en ont conscience, mais il faut bien alimenter le carnet de bord, même les jours sans navigation. Et ils n'ont pas grand-chose à raconter de leur excursion au village le plus proche, Seveux : l'église est à droite et la mairie à gauche (enfin cela dépend d'où l'on vient) et nombreuses sont les constructions abandonnées qui menacent ruines.
Un vent du nord-est a débarrassé le ciel de la plupart des nuages qui le couvraient.


Jeudi 11 septembre
Le vent du nord-est a poursuivi le travail entrepris la veille : les nuages laissent une large place au soleil.
Ils larguent les amarres à 9:00.
La dérivation, comme celle qui suit le port de Scey-sur-Saône, comprend un tunnel. En traçant un méandre, la rivière contourne un obstacle topographique. En coupant le méandre, la dérivation doit bien franchir cet obstacle d'une manière ou d'autre. A la sortie du tunnel, une écluse est en vue. Une péniche y pénètre. Ils devront patienter. Une fois la péniche passée, ils doivent attendre que l'écluse se remplisse pour les accueillir. En se remplissant, le bassin révèle une autre péniche montante qu'ils laissent passer avant d'entrer à leur tour dans l'écluse. L'éclusier leur apprend qu'il s'agissait d'une seule et même péniche qui, ayant constaté qu'elle s'était trompée de direction, avait fait demi-tour pour repasser l'écluse dans l'autre sens. Comment peut-on perdre le sens de l'orientation sur une rivière ou un canal !
Alimentée par ses affluents, la Saône prend de l'ampleur et accentue le contraste avec les dérivations. La nature et la campagne constituent l'essentiel du paysage. Un site industriel, presque incongru dans ce contexte, témoigne de l'utilisation commerciale quasi oubliée de la petite Saône. Les quais sont déserts. Les camions ont remplacé les péniches qui se perdent. La circulation de plaisance leur semble par contre relativement importante pour une fin de saison. Le temps d'une bassinée, des navigateurs ont rappelé à d'autres qui l'auraient peut-être oublié que la Saône coule vers le Sud.
Ils ont choisi Gray comme destination. Hormis la base de location « Le boat », deux haltes sont à disposition : l'une en amont de l'écluse, l'autre en aval. Ils choisissent celle en aval, la plus proche du centre ville, au quai Mavia, où ils amarrent le bateau vers 13:00 h.













Vendredi 12 septembre
Le vent du nord-est n'a pas fait son boulot. En début de journée, les nuages ne laissent pas de place au soleil.
La halte nautique du quai Mavia à Gray appartient à la catégorie de celles qu'ils apprécient : décor urbain ; pas trop de bruit la nuit ; proximité du centre ville avec ses commerces, ses bars-restaurants ; une laverie automatique à quelques pas ; possibilité de branchement sur l'électricité et l'eau ; accès libre. Et même une salle de cinéma le long du quai.
Au fil de la journée, le soleil réussit par intermittence à se faire une place.
La Ville basse, organisée en petites ruelles commerçantes, a le caractère sympathique des lieux sans prétention mais authentiques : pas de patrimoine architectural spectaculaire, mais un assemblage de constructions ordinaires dans une forme de désordre qui réussit à produire du pittoresque. A la sortie d'une ruelle, un joli morceau d'architecture moderne vieillit tant bien que mal.
L'amateur de monuments historiques devra monter dans la Ville haute. Eux sont un peu paresseux.
Le bateau restera à quai aujourd'hui.
En fin de journée, les nuages l'emportent à nouveau sur le soleil qui avant de se coucher tient toutefois à manifester sa présence.










Samedi 13 septembre
Cela fait 100 jours exactement qu'ils ont quitté leur port d'attache.
Ils reprennent la navigation à 8:45 h direction Pontailler. Un bateau les suit. Ils feront le trajet ensemble.
La rivière trace son cours en forêt. Le rideau d'arbres parfois s'interrompt pour offrir une clairière aux quais déserts d'un site industriel désormais tourné vers le réseau routier ou à des cabanons de pêche de fins de semaines.
Le soleil peine à se faire une place parmi les nuages.
Juste avant d'arriver à destination, ils passent devant l'embranchement du canal de la Marne à la Saône qu'ils empruntaient le 12 juin dernier. La boucle est fermée. Ils se retrouvent en eaux connues.
Ils amarrent le bateau vers 12:30 h à Pontailler. A l'aller ils s'étaient arrêtés à la base de location Les Canalous. Ils choisissent un ponton situé en face de la base qu'ils avaient repéré lors de leur précédent passage. Le ponton est à l'ombre de majestueux marronniers, mais aujourd'hui ils n'ont pas vraiment besoin d'ombre et ils n'ont pas pensé que c'est la saison de la chute des marrons. Tant pis, ils ne déplaceront pas le bateau en espérant que le vent se calmera pour la nuit.











Dimanche 14 septembre
Le vent est tombé pendant la nuit. Le bruit de la chute des marrons qu'ils avaient intégré à leur environnement ne dérangea pas leur sommeil.
Ils reprennent la navigation à 9:15 h avec l'intention de s'arrêter à Auxonne. Désormais ils referont en sens inverse les étapes réalisées au début du périple.
Le compagnon de navigation de la veille, « Renoir », a déjà levé les amarres. Ils le rejoignent après une petite heure de navigation et le suivront jusqu'à Auxonne. La Saône a pris encore de l'ampleur. Malgré un petit embouteillage devant la seule écluse du trajet, ils amarrent le bateau à Auxonne à 11:30 h aux pontons où ils s'étaient arrêtés à l'aller. Les bateaux de ski nautique produisent des vagues qui donnent une ambiance de mer que leur petit fils avait particulièrement apprécié lors de leur précédente escale.
Les occupants du « Renoir » leur rendent une petite visite à bord et les invitent à partager l'apéro sur leur bateau. Ils naviguent depuis 25 ans. Leur port d'attache est situé sur le Rhône, au sud de Lyon. Le « Renoir » présente un gabarit et une motorisation semblable à ceux de « l'autre ». Il a navigué sur le Rhône. Ils sont mis en confiance ; ils mettront sans doute le cap au Sud la saison prochaine.






Lundi 15 septembre
La Saône se prélasse dans un duvet de brume. Elle n'est pas prête de sortir de sa torpeur. Ils attendront que la brume se lève pour reprendre la navigation.
Une vieille connaissance émerge de la brume : « Jeanine », une péniche- hôtel, croisée à plusieurs reprises l'année dernière sur le canal de Bourgogne.
Ils quittent Auxonne à 9:15 h. Ils sont rejoints à la première écluse par « Renoir ». Les devises des bateaux sont d'une curiosité inépuisable. Quel anniversaire fêtera-t-on à bord du "16 mai" ? Celui du baptême du bateau, de la naissance du propriétaire, ou d'un événement heureux de sa vie ?
Peu avant Saint-Jean-de-Losne, ils laissent à gauche l'écluse d'entrée dans le canal du Rhône au Rhin qu'ils avaient emprunté en 2011.
Ils amarrent le bateau à 11:30 au quai de Saint-Jean-de-Losne. Une autre connaissance est à quai « Joli Roger » qu'ils avaient suivi patiemment, au ralenti, sur le canal du Nivernais, l'année dernière. Le monde du fluvial est décidément petit.
Devant eux un bateau battant pavillon suisse. A bord on parle suisse-allemand, comme d'ordinaire. Ils finiront pas hisser un pavillon pour avoir le plaisir de témoigner qu'en Suisse on parle également français.
A défaut d'une ruine en Provence, pourquoi pas une aux portes de la Bourgogne?
Ils invitent les propriétaires du Renoir à prendre l'apéro à bord, à charge de revanche.









Mardi 16 septembre
Ils attendent que la brume matinale se dissipe pour quitter le quai de Saint-Jean-de-Losne à 9:30. Le « Renoir » restera à quai. Ses propriétaires ont décidé de profiter de la présence d'un chantier naval pour faire procéder à une inspection de la coque. Ils ont heurté un bout de bois dans une écluse. Peut-être se rencontreront-ils à nouveau, une autre saison, au détour d'un canal ou d'une rivière. Au fil de l'eau les rencontres ont la saveur de l'improbable et de l'éphémère.
A la sortie de St-Jean-de-Losne, ils laissent sur leur droite l'embranchement du canal de Bourgogne qu'ils ont emprunté en juin de l'année dernière. La Saône, de petite devient grande. Les écluses changent de gabarit. Elles accueillent désormais des péniches de plus de 100 mètres. Et l'activité commerciale est présente sur la voie d'eau.
Ils amarrent le bateau au quai de Seurre à 11:45 h. Ultime escale avant de rejoindre leur port d'attache demain. Ils aurait pu l'atteindre aujourd'hui sans un trop gros effort. Mais ils se souviennent de leur résolution : pas d'étape de plus de trois heures, sauf circonstances exceptionnelles. Et ils se souviennent également de leur retour du canal du Rhône au Rhin en août 2011. Après avoir quitté Dole, en milieu de matinée, ne trouvant aucune place libre dans les ports et haltes nautiques sur leur trajet, ils avaient dû naviguer jusqu'à Seurre durant 6 heures sous un soleil de plomb. Aujourd'hui, ils apprécient la température agréable d'une fin de belle journée de septembre, sans avoir à récupérer d'une harassante journée de navigation.






Mercredi 17 septembre
Pas de brume matinale ce matin, mais un ciel encombré de nuages. Ils espèrent ne pas rencontrer la pluie pour la dernière étape.
Ils quittent Seurre peu avant 9:00 h. A mi-parcours environ, ils franchissent l'écluse d'Ecuelles, la seule sur le trajet. Le soleil perce timidement la couverture nuageuse. Ils ne rencontreront pas la pluie. Les silos annoncent Verdun-sur-le-Doubs. Puis le clocher de l'église et, à leur gauche, l'écluse hors service de l'ancienne dérivation. Au PK 167, le Saône accueille le Doubs qu'ils remontent sur quelques 300 m pour atteindre le port, en laissant sur leur droite le quartier du Vieux Verdun. Il est un peu plus de 11:00 lorsqu'ils amarrent le bateau au ponton qu'ils avaient quitté le 6 juin dernier, il y a 103 jours. Le périple de la saison 2014 est achevé.
Ils attendent la visite d'amis le vendredi 19 septembre. D'ici là, un nettoyage à fonds de l'intérieur du bateau s'impose. Ils l'entreprendront dès aujourd'hui, se disent-ils, … mais après la sieste. Contrairement à ce que pensent déjà sans doute certains lecteurs, non seulement ils se le sont dit, mais ils l'ont fait.