Canal du Rhône au Rhin (Saint-Jean-de-Losne - Besançon)

Mercredi 28 août

«L’autre» prend congé «d’anima».
Ils larguent les amarres vers 8:45, descendent au centre de Saint-Jean-de-Losne pour compléter leur réserve de carburant à une station au fil de l’eau, remontent la Saône sur cinq kilomètres et s’engagent dans le canal du Rhône au Rhin derrière un bateau de location. Ils traversent le site de l’usine Solvay qui fabrique divers produits chimiques sympathiques tels que la soude caustique, l’eau de javel, l’acide chlorhydrique. Après 7 écluses, 19 kilomètres et 4 heures de navigation, ils accostent, plantent les pieux et amarrent le bateau pour une pause à l’ombre. Le bateau de location reprendra la navigation. «L’autre» restera à l’ombre et passera la nuit à Choisey.
 





Jeudi 29 août

Ils achèveront l’étape qu’ils n’ont pas terminée la veille.
Le port de Dole est à quatre kilomètres et deux écluses. Ils quittent Choisey vers 9:30. Sous le soleil encore oblique, les arbres des berges gardent la voie d’eau à l’ombre. L’écluse qui donne accès au port est hors service. Ils amarrent le bateau au quai d’attente. Des travaux de maintenance sont en cours. Ils patienteront près de deux heures. Ils sont abonnés aux avis à la batellerie. Ils consultent les courriels reçus, les supprimés, les indésirables. L’avis qui devait retenir leur attention erre dans les limbes d’internet, pour peu qu’il fût envoyé.
Ils ont repéré leur terrasse: au bord du Canal des Tanneurs, entre le port et le centre ancien.
 






Vendredi 30 août

A Dole, le port est à moins de dix minutes du centre historique.
Le clocher de Notre-Dame indique la direction à suivre. Ils traversent le Jardin des Chavannes, observés par un chat curieux, empruntent la passerelle piétonne sur le Canal des Tanneurs, rejoignent la rue Pasteur et atteignent le parvis de la basilique. Pour le retour, ils traversent le Canal des Tanneurs du côté de leur terrasse. 
 





Samedi 31 août

Ils ont passé une deuxième nuit à Dole. Ils en passeront d’autres encore. Dole appartient aux escales urbaines qu’ils apprécient. Le port est tout proche d’un centre ville pittoresque et généreusement piétonnier qui offre tous les commerces et bistrots nécessaires. Au nom du ciel et de la terre, la basilique et la halle du marché se font face. Ils choisissent les nourritures terrestres.
Selon les prévisions, il faudra attendre demain et la semaine prochaine pour ne plus souffrir du chaud. En attendant, ils se réfugient sous les arbres qui bordent le port et sur la terrasse du Canal des Tanneurs.
 





Dimanche 1er septembre

A Dole, Notre-Dame veille sur le port.
Une couverture nuageuse calme les ardeurs du soleil. La température agréable invite à la balade. Ils partent en reconnaissance le long du canal. En amont de Dole, les platanes n’ont rien à envier à ceux du canal du Midi de la belle époque. Les bateaux ne peuvent malheureusement plus en profiter pour le stationnement. L’amarrage y est interdit en raison d’un danger de chute de branches.
 




Lundi 2 septembre

Il aura suffi d’entrer en septembre pour changer de saison.
Le centre ville est calme. Il se repose du week-end et des vacances. Sous un vent du nord soutenu, le fond de l’air est presque frais. C’est l’occasion d’entreprendre des nettoyages du bateau, comme s’ils devaient recevoir à bord. La veille en fin de journée, l’équipage du bateau voisin, «Terra Fluvia», les a invité à partager l’apéro. Au fil de l’eau, les rencontres sont d’autant plus chaleureuses qu’elles sont imprévues et éphémères.
 



Mardi 3 septembre

Ils sont toujours en escale à Dole.
Une façade en trompe-l’œil présente les personnalités liées à la ville. Louis Pasteur agite des fioles à la fenêtres de gauche au deuxième étage. Une façade contemporaine a tenté une intégration sans illusion.
Demain, ils largueront les amarres avec une passagère clandestine à bord.
 



Mercredi 4 septembre

Ils larguent les amarres vers 9:15.
Ils quittent Dole sous une voûte de platanes à rendre nostalgique le Canal du Midi. Les nénuphars balisent le chenal. Depuis Dole, le canal a rejoint le Doubs. Il flirte avec la rivière, la rejoint, s’en écarte, la frôle. A 13:00, ils amarrent le bateau à la halte de Ranchot: 3.75 heures pour 21 kilomètres et 6 écluses. Avec un moussaillon, c’est plus facile. Le bistrot du village affiche jour de fermeture. Ils n’en sont même plus surpris.
 





Jeudi 5 septembre

Ils quittent Ranchot vers 9:45, sous un ciel nuageux.
La navigation alterne entre rivière et canal. Sur le canal le manque d’eau est sensible. Mieux vaut ne pas trop s’approcher des berges. Le héron cendré les observe d’un œil inquiet. La friche industrielle rappelle la destination originelle du canal. Ils amarrent le bateau à la halte de Thoraise vers 13:15: 3.5 heures pour 20 kilomètres et 6 écluses. Une escale en nature avant l’escale urbaine de Besançon.
 







Vendredi 6 septembre

Besançon est à 17 kilomètres et 5 écluses.
Ils larguent les amarres vers 9:45, comme la veille, et s’engagent dans le souterrain de Thoraise en conservant le toit fermé au cas où la cascade décorative ne s’arrêtait pas au passage du bateau. Ils naviguent dans les forêts du Jura. Les berges du Doubs sont sauvages. Le héron est indifférent; la barque du pêcheur, perdue; l’injonction de la friche industrielle, énigmatique. La citadelle annonce la ville de Besançon dont ils traversent le centre ancien avant d’atteindre le port Saint-Paul après de 3.25 heures de navigation.
 










Samedi 7 septembre

La première nuit au port Saint-Paul de Besançon fut calme.
Ils longent la dérivation de Saint-Paul et ensuite le Doubs. Ils mesurent l’étroitesse du chenal en raison du manque d’eau. La vieille barque échouée attend patiemment une remontée des eaux pour couler. En vue du Pont Battant, ils montent sur le Quai Vauban pour rejoindre la Place de la Révolution. Ils complètent leurs provisions au marché couvert des Beaux-Arts avec la bénédiction du temple du Saint-Esprit.
En fin d’après-midi, le ciel se couvre, le vent se lève. Ils n’échapperont pas à la pluie.
 





Dimanche 8 septembre

La journée sera pluvieuse.
Le centre ville, dimanche sous la pluie, est triste et vide. Ils se baladeront sur les quais du Doubs. En fin d’après-midi, un soleil timide sèche les planches du ponton. Elles ne resteront pas sèches longtemps.
Ils ont pris congé de la passagère clandestine.
 





Lundi 9 septembre
 
Ils ont trouvé leur bistrot à Besançon. Ils passent le pont de la République, continuent sur la rue du même nom, prennent à gauche la rue des Granges et s’installent à la terrasse de la Brasserie du Commerce. Ils choisissent en fonction de la situation et du caractère. Ici, c’est surtout le caractère. «L’autre» reste seul au port Saint-Paul avec les résidents à l’année. Son voisin de passage «Tamarisk» a largué les amarres pour rejoindre la Saône. Déjà s’installe une ambiance d’arrière-saison. Elle quitte «l’autre» pour s’offrir une escapade en bateau promenade.
 





Mardi 10 septembre

Au centre ville, le marché s’installe sur la place de la Révolution. Ils s’y rendent dans la matinée. Dans l’après-midi ils tentent une balade le long du Doubs. Ils passent l’écluse du Moulin Saint-Paul et rejoignent la rivière. Les anciens quais défoncés ne sont plus animés par les bateliers, depuis longtemps. Les bollards attendent désespérément d’improbables amarres. Ils quittent ce paysage un peu désolant pour rejoindre leur terrasse au centre ville.
 





Mercredi 11 septembre

Ils prolongent l’escale à Besançon.
Ils sont perplexes. Les avis à la batellerie se succèdent annonçant des restrictions de navigation liées au manque d’eau sur de nombreux canaux. Sur le canal du Rhône au Rhin, le tirant d’eau a déjà été réduit. Ce ne sont pas les récentes averses qui auront modifié la situation. Ils hésitent à poursuivre la montée du canal. Sur l’Esplanade Albert-Maxime Kohler, le sapeur-pompier constate également la pénurie d’eau.
 



Jeudi 12 septembre

La veille au soir le ciel se dégage à l’ouest.
La journée sera chaude sous un ciel bleu saturé. Les façades anciennes contrôlent leur tenue dans le miroir des récentes. Ici, la poste a su conserver son siège de 1900. Le héron a son fond à proximité du ponton. Ils ont décidé: ils redescendront sur la Saône. Ils ne souhaitent pas s’échouer sur le Doubs, ni être bloqués en amont sur le canal du Rhône au Rhin en raison d’une insuffisance d’eau. Ils passeront une dernière nuit à Besançon.



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