Demain le ciel s'éclaircira.
Canal du Centre (Fragnes - Saint-Berain-sur-Dheune - Chagny)
Fragnes-Chagny, Lundi 26 juillet
Ce sera une étape d’écluses. Ils ont devant eux 11 écluses à monter sur 12 kilomètres pour atteindre Chagny. Le ciel est favorable. Ils quittent Fragnes à 8:45 h dans le sillage de «Grasse matinée» de Toulouse. C’est plus facile à deux, surtout pour «l’autre» qui suit. Après 3.5 heures de navigation, ils amarrent le bateau à Chagny. «L’autre» retrouve sa place à la poupe de la péniche «Denise» ; eux, sous les acacias.
Chagny, mardi 27 juillet
Ils tournent en rond comme dirait "l’autre". Après 55 jours, 209 kilomètres, 50 écluses et 35 heures de navigation, ils se retrouvent au point de départ. Ils laisseront à "l'autre" le soin de calculer les moyennes.
Lors de la première escale à Chagny, ils ont réaménagé l’intérieur du bateau. Lors de la deuxième, ils entreprendront la construction d’une terrasse sur le toit de la partie arrière du bateau. Le temps du chantier, ils fermeront leur carnet de bord. Ils le rouvriront pour présenter «l’autre» sous son nouvel aspect.
L’image du jour se passera de commentaires.
Chagny, vendredi 13 août
«L’autre» est satisfait de son nouveau look. Ils craignaient que ce ne fut le cas. Désormais, le petit bateau offre une terrasse comme les plus grands. Le chantier aura pris du temps. Ils font escale à Chagny depuis 18 jours. Ils ne reprendront pas la navigation avant la semaine prochaine. Le temps de réaliser les derniers travaux de finition. Après une période pluvieuse et orageuse, le soleil semble vouloir enfin s’installer. Ils pourront profiter de la terrasse.
Chagny, dimanche 15 août
Ils attendent patiemment que le soleil se couche.
Ils ont subi la pluie abondante, l’orage violent et la crue. Ils affrontent la chaleur essoufflante. Le ciel a perdu le sens de la mesure. Il a la tête à l’envers au fil de l’eau.
Chagny - Santenay, mercredi 18 août
Ils larguent les amarres sous un ciel gris.
L’étape est sans doute la plus courte qu’ils aient jamais effectuée: Chagny – Santenay, 35 minutes de navigation pour 4 kilomètres. Ils comptent les ponts à défaut d’écluses. Ils font escale à Santenay parce qu’ils sont en Bourgogne, mais surtout parce qu’ils ont des amis à rencontrer.
Santenay-Dennevy, jeudi 19 août
Le ciel est toujours gris.
L’étape fut à peine moins courte que celle de la veille : Santenay-Dennevy, une heure de navigation pour 6 kilomètres et 2 écluses. Caché derrière le saule, «l’autre» squatte le domicile de la péniche «Anima» en vacances sur la Saône.
Dennevy - Saint-Léger-sur-Dheune, vendredi 20 août
«L’autre» se réveille sous un ciel totalement dégagé.
Pendant la nuit, sans faire de bruit, le soleil a fait le ménage.
Ils enchaînent les petites étapes : Dennevy – Saint-Léger-sur-Dheune, moins de 4 km avec 2 écluses. C’est comme si «l’autre» hésitait à trop s’éloigner de son nouveau port d’attache à Chagny où il a déjà pris des habitudes.
Saint-Léger-sur-Dheune - Saint-Bérain-sur-Dheune, samedi 21 août
«L’autre» avance à tous petits pas.
Trois kilomètres et deux écluses après Saint-Léger-sur-Dheune, «l’autre» croise «Giacomo» rencontré à Chagny, amarré en nature à l’approche de Saint-Berain-sur-Dheune. «L’autre» n’ira pas plus loin aujourd’hui. Il partagera l’escale avec «Giacomo».
Saint-Berain-sur-Dheune, dimanche 22 août
L’orage les a épargnés la veille au soir.
«Giacomo» a repris la navigation pour redescendre en direction de Chagny. Craignant que certaines écluses considèrent le dimanche comme jour chômé, «l’autre» passera une nuit supplémentaire en nature à Saint-Berain-sur-Dheune. Il larguera les amarres demain pour poursuivre la montée du canal.
Saint-Berain-sur-Dheune - Saint-Léger-sur-Dheune, lundi 23 août
Ils ont été réveillés trop tôt.
Une route départementale accompagne le canal. C’est une compagne encombrante. Elle est bruyante, se couche tard, ne dort jamais vraiment et se lève au petit matin. Désormais, la route longe le canal sur 70 kilomètres. Il faut s’être fixé une destination au-delà pour tolérer sa présence. Ce n’est pas leur cas. Ils décident de rebrousser chemin et se retrouvent à Saint-Léger-sur-Dheune.
Saint-Léger-sur-Dheune, mardi 24 août
Le canal frissonne sous un vent du nord soutenu.
Il y a trop de vent pour larguer les amarres. Ils prolongeront l’escale à Saint-Léger-sur-Dheune. Ils ne sont pas pressés. Ils ont rendez-vous à Chagny en début de semaine prochaine et Chagny n’est qu’à 13 kilomètres et 4 écluses. D’autres ont perdu l’espoir de naviguer et s’accrochent désespérément à la berge.
Saint-Léger-sur-Dheune, mercredi 25 août
Le vent devrait faiblir dans le courant de la journée.
Ils passeront une nuit supplémentaire à Saint-Léger-sur-Dheune. La confiturerie artisanale «Péché sucré» s’est installée dans une ancienne tuilerie. La boutique propose également une sélection de produits du terroir. Ils succombent à la tentation et complètent les provisions.
Saint-Léger-sur-Dheune - Chagny, jeudi 26 août
Ils quittent Saint-Léger-sur-Dheune vers 10:00.
Ils doivent patienter devant la première écluse pour laisser monter un bateau. Les trois écluses suivantes les attendent portes ouvertes. Ils font une pause à la mi-journée à Santenay en compagnie d’un bateau de caractère, «l’héritage». Dans l’après-midi, «l’autre» retrouve sa place à Chagny, à la poupe de la péniche «Denise». L’escapade n’aura durée qu’une semaine.
Chagny, dimanche 29 août
Troisième escale à Chagny et dernière escale de la saison.
Ce fut une saison d’escales longues et de courtes étapes. Une navigation contrainte par les orages et les crues, des escales consacrées à des transformations du bateau et à des rencontres avec des amis et des voisins du nouveau port d’attache. Ils rassurent «l’autre» : la saison prochaine sera celle d’un grand périple.
Saône (Saint-Jean-de-Losne - Fragnes)
La veille en fin de journée, au ponton du camping à Saint-Jean-de-Losne, il ne reste plus aucune place libre. «Skookum» et «Tiko» devant, «Triptyque» et «Shalima» derrière. «L’autre» au milieu se demande quelle idée a bien pu leur traverser l’esprit lorsqu’ils ont choisi son nom. Ils devaient être un peu pompettes.
Saint-Jean-de-Losne, lundi 12 juillet, mardi 13 juillet
L’escale à Saint-Jean-de-Losne se prolonge en raison d’une avarie.
La pompe à eau manuelle de la cuvette des WC est déficiente. Ils profitent de la présence d’un magasin spécialisé bien achalandé pour trouver une pompe de remplacement.
Météo-France nuance : «rares éclaircies», «averses éparses». Autrement dit : il pleut. Chez Jeanne le parasol est en berne et le tournesol ne sait où donner de la
tête. Ils attendront la prochaine éclaircie pour reprendre la navigation.
Saint-Jean-de-Losne, mercredi 14 juillet, jeudi 15 juillet
Ils auraient pu larguer les amarres mardi dernier. Mais ils avaient rendez-vous. Au fil de l’eau les invitations ne se refusent pas. Depuis, la pluie s’est installée pour durer. Le niveau de la Saône monte, le débit augmente. Ils ne tentent même pas une sortie pour l’image du jour. Ils largueront les amarres lorsque les conditions météorologiques seront meilleures. Dans l’attente ils rangent leur carnet de bord.
Saint-Jean-de-Losne, vendredi 16 juillet, samedi 17 juillet
Ils sont contraints de prolonger l’escale à Saint-Jean-de-Losne.
La navigation sur la Saône en amont est bloquée. Les portes de garde sont fermées en raison de la montée des eaux. Ils envisagent redescendre la Saône pour remonter sur le canal du Centre. Sur le trajet, Verdun-sur-le-Doubs constitue leur escale incontournable. Avec la crue du Doubs l’approche du port du confluent serait périlleuse. Ils ne prendront pas de risques et attendront la décrue. Le soleil se rappelle à leur bon souvenir, discrètement d’abord, sans trop déranger les nuages par crainte d’une rébellion. La Saône prend ses aises.
Saint-Jean-de-Losne, dimanche 18 juillet
Le soleil a fait le ménage. Il a lavé le ciel, séché et repassé sans un pli. Ils ont même dû sortir les pare-soleil, discrètement pour ne pas vexer le soleil revenu. Le niveau de la Saône se stabilise. La décrue devait s’amorcer. Ils devront attendre encore quelques jours avant de larguer les amarres. Il y a pire endroit pour patienter.
Saint-Jean-de-Losne, lundi 19, mardi 20, mercredi 21 juillet
Hier à la mi-journée, la décrue s’est amorcée. Elle s’est accélérée dans la nuit. La barque du pêcheur s’est laissée surprendre. Depuis l’avant-veille, la navigation en amont de Saint-Jean-de-Losne est rouverte. En aval, elle rouvrira demain. Ils pourront larguer les amarres. Cette saison, les escales sont longues.
Saint-Jean-de-Losne - Verdun-sur-le-Doubs, jeudi 22 juillet
Ils quittent Saint-Jean-de-Losne à 8:40, avant les prochains orages et les prochaines crues.
Malgré la décrue, les champs alentours sont encore inondés. Après 4 heures de navigation pour 35 kilomètres et 2 écluses, ils amarrent le bateau à Verdun-sur-le-Doubs, dernière escale en rivière avant de rejoindre le canal du Centre ces prochains jours.
Verdun-sur-le-Doubs, vendredi 23 juillet
La veille, la journée s’est terminée à la terrasse de la Capitainerie.
A Verdun-sur-le-Doubs, les bateaux se serrent les coudes. Heureusement pour «l’autre», les bateaux voisins sont inoccupés. La décrue s’accélère. Depuis leur arrivée, hier à la mi-journée, le niveau du Doubs a baissé de 1.5 m. Mais le temps mauvais n’a pas dit son dernier mot. De nouveaux épisodes orageux sont prévus.
Verdun-sur-le-Doubs, samedi 24 juillet
L’orage, la pluie et le vent se sont unis pour perturber la nuit.
Le mauvais temps a décidé de se réinstaller. La journée est grise et mouillée.
Ils viseront une éclaircie pour larguer les amarres à destination du canal du Centre. Demain peut-être selon les prévisions.
Verdun-sur-le-Doubs, dimanche 25 juillet
Comme prévu, le ciel s’est éclairci.
Ils quittent Verdun-sur-le-Doubs à 8:40 h. Après deux bonnes heures de navigation sur la Saône, ils rejoignent l’écluse de Crissey qui les attend portes ouvertes. «L’autre» ronronne en retrouvant l’ambiance du canal.
Ils atteignent Fragnes après trois heures de navigation pour 28 kilomètres et 1 écluse. Le temps d’amarrer le bateau, il est l’heure de l’apéro.
Canal du Rhône au Rhin (Saint-Jean-de-Losne - Dole - Saint-Jean-de-Losne)
Saint-Jean-de-Losne, vendredi 2 juillet
«L’autre» prolonge l’escale à Saint-Jean-de-Losne.
La veille au soir, les lampadaires rehaussaient de leur trait de lumière la silhouette de Losne. Le soleil est de retour. Ils ne s’en plaindront pas. Mais ils préfèrent la douceur de l’aquarelle matinale à l’agressivité des couleurs saturées de la mi-journée. Les kayaks jouent aux autos tamponneuses. Eux s’installeront à la terrasse chez Jeanne.
Saint-Jean-de-Losne, samedi 3 juillet
La veille en fin de journée ils se sont installés à la terrasse chez Jeanne.
La péniche «Anima» a pris ses quartiers d’été à Saint-Jean-de-Losne. Et lorsque «l’autre» rencontre «Anima», l’escale se prolonge.
Le soleil n’a pas fait des efforts bien longtemps. Les nuages prennent à nouveau toute la place. Ils lâcheront même quelques gouttes de pluie. Un vent du Sud avec des rafales à 45 km/h plaque «l’autre» au ponton. Ils attendront des jours meilleurs pour larguer les amarres.
Saint-Jean-de-Losne, dimanche 4 juillet
Avant de larguer les amarres, il vaut mieux fixer la destination.
Ils hésitent : remonter la Saône et prendre le canal des Vosges jusqu’à Epinal, voir Nancy ; prendre le canal du Rhône au Rhin, en amont de Saint-Jean-de-Losne, jusquà Montbéliard, voir Mulhouse. Le premier itinéraire, ils l’ont parcouru en 2014. N’ayant jamais encore navigué au-delà de Besançon sur le canal du Rhône au Rhin, ils choisissent le second itinéraire. Ils connaissent la destination mais ne savent pas encore quand ils largueront les amarres. Le paysage dégouline sous les averses. Un bateau surpris cherche à s’abriter de l’orage.
Saint-Jean-de-Losne - Dole, lundi 5 juillet
Des pluies éparses mouillent le début de la journée. Ils attendent les éclaircies annoncées pour larguer les amarres et quittent Saint-Jean-de-Losne à 10:50. Ils remontent la Saône sur trois kilomètres et s’engagent dans le canal du Rhône au Rhin. Les éclaircies sont timides, les nuages résistent. Après 4,5 heures de navigation pour 23 kilomètres et 9 écluses, ils amarrent le bateau à Dole sous la protection du clocher de la collégiale Notre-Dame. La fin de journée sera ensoleillée.
Dole, mardi 6 juillet
La pluie, c’est la règle ; l’éclaircie, l’exception.
La veille au soir ils ont profité d’une rare éclaircie pour s’installer à une terrasse du Canal des Tanneurs. Entre deux averses, ils montent au marché couvert aussi triste que le temps : les marchands sont restés chez eux ; les clients aussi. A Dole, les escaliers invitent à la lecture.
Dole, mercredi 7 juillet
Ils se réveillent sous un ciel ensoleillé avec la curieuse impression d’une anomalie.
Avec le sentiment que ça ne durera pas, ils rejoignent sans attendre les terrasses du centre ancien de Dole, à quelques pas seulement du port. Les commères de la Place aux Fleurs les ignorent.
Dans l’après-midi, ils apprennent que la navigation est bloquée sur le Canal du Rhône au Rhin en amont de Dole en raison d’une crue du Doubs. Ils prolongeront l’escale pour observer l’évolution de la situation.
Dole, jeudi 8 juillet
Le marché couvert fait contre mauvais temps bon cœur.
Entre deux averses, ils s’installent à leur terrasse préférée sur la Place aux Fleurs, à l’enseigne d’une ancienne pharmacie.
Ils doivent prendre une décision : soit continuer sur le canal du Rhône au Rhin au risque d’être bloqués aux prochaines crues du Doubs ; soit redescendre sur la Saône pour la remonter. Compte tenu des prévisions météorologiques, de prochaines crues sont probables. Ils rejoindront la Saône.
Dole - Saint-Jean-de-Losne, vendredi 9 juillet
Hier soir, une forte pluie et un orage violent frappent Dole.
Les précipitations de la veille et les prochaines annoncées ne favoriseront pas la décrue du Doubs. Ils sont confortés dans leur décision : ils rejoindront la Saône.
La nuit a été fraîche. «L’autre» rechigne à démarrer. Il a besoin des premières caresses du soleil. Réchauffé et câliné, il accepte de se mettre en route. Après 4,5 h de navigation il retrouve une place au ponton du camping de Saint-Jean-de-Losne. Eux rejoignent la terrasse chez Jeanne, parce que c’est mieux qu’en face.
Saint-Jean-de-Losne, samedi 10 juillet
Ils observent la pluie faire des ronds dans l’eau.
Les éclaircies de la veille ne sont pas installées pour rester. Dès l’après-midi le temps mauvais est revenu. La banalité de l’expression «mauvais temps» ne rend pas suffisamment bien compte de la situation.
Ils passeront quelques jours à Saint-Jean-de Losne et profiteront des services du camping pour laver leur linge sale. Ils devront surtout déterminer leur prochaine destination. Ils ont le désagréable sentiment de ne plus trop savoir où ils vont.