Lundi 13 juin, Digoin
S’ils ne larguent pas les amarres avant 10:00, ils ne navigueront pas de la journée.
Ils ont décidé que les lundis 13 seraient jours chômés, jusqu’à nouvel avis. Ils passeront une nuit supplémentaire à Digoin. Ils ont le temps. Le temps, ils ne le comptent pas, pour éviter de le perdre. Ils partent en balade de repérage le long de la voie d’eau jusqu’au pont qui permet au canal de franchir La Loire.
Un avis à la batellerie les informe qu’en raison d’une prolifération des plantes aquatiques l’ouverture des écluses est reporté à 10:00 sur le canal de Roanne à Digoin qu’ils envisagent emprunter. Il en est de même sur le canal latéral à La Loire. Avec la chaleur, la situation ne pourra qu’empirer.
Ils sont perplexes. La nuit portera conseil.
Mardi 14 juin, Digoin - Paray-le-Monial
Ils voulaient voir Roanne. Ils ne verront pas Roanne.
Ils renoncent à affronter les plantes aquatiques et rebroussent canal. Dans le bief qui précède la première écluse, les plantes ne sont pas effarouchées par le passage des bateaux ; elles encombrent même le centre du canal. Quelques marches arrières sont nécessaires pour s’en défaire. Ils sont soulagés de sortir du marécage. Après 2 heures de navigation, pour 12 kilomètres et 3 écluses, ils sont de retour dans la cité du Sacré-Coeur. Ils évitent de s’amarrer à la même place qu’à l’aller, pour changer un peu. Ils connaissent le chemin jusqu’à la terrasse du bistrot.
Mercredi 15 juin, Paray-le-Monial - Génelard
Il est des jours où les écluses ne sont pas en forme.
La première écluse est restée endormie. Elle ne se réveille que sur l’intervention de l’éclusier. La cinquième, à leur approche, fait celle qui n’a rien vu venir, tout feu éteint. La suivante, à la fin de l’éclusage, entrouvre les portes mais laisse le mouvement en suspens et prend la pose. Il est 12:02. C’est au tour de l’éclusier de service d’être en pause. Ils attendront jusqu’à 13:40 pour l’intervention. L’éclusier se trouve à plus d’une demi-heure de route.
Ils amarrent le bateau à Génelard à 14:30 : 5.5 heures pour 20 kilomètres, 7 écluses et 3 pannes d’écluses. La place qu’ils ont quittée il y a moins d’une semaine est libre.
Jeudi 16 juin, Génelard
«L’autre» est seul dans le bassin de Génelard.
Au fil de l’eau, ils se sont donnés quelques règles. Après une étape de navigation de plus de cinq heures, ils font une pause le lendemain. Ils passeront la nuit à Génelard. Ils changent de place d’amarrage pour profiter au mieux de l’ombre des arbres et sortent les pare-soleil. Hier la température à bord est montée à 36 degrés. Ils prennent des précautions. Hors du bateau, ils pourront s’installer à l’ombre toute la journée.
Vendredi 17 juin, Génelard
Ils s’organisent pour affronter la vague de chaleur.
Ils savent que les escales qui les attendent n’offrent de l’ombre ni pour le bateau, ni pour l’alentour. Ils le savent parce qu’ils y sont passés il n’y a pas bien longtemps. Ils rappellent à celles et ceux qui n’auraient pas bien suivi qu’à Digoin ils ont rebroussé chemin. A Génelard ils ont rencontré l’ombre rare. Ils attendront ici que la vague passe.
Samedi 18 juin, Génelard
Il va faire les courses sous le soleil. Elle reste à l’ombre pour prendre soin de «l’autre».
Il longe le canal, franchit le pont de l’écluse, traverse la voie ferrée, passe le long de la façade art-déco de la friche industrielle et s’engage dans la rue principale. Il y trouve ce qu’il cherche (boulangerie et épicerie) et plus encore, une quincaillerie improbable digne des grands centres urbains, où l’on trouve tout ce que l’on ne trouve pas ailleurs, même quelques articles dont ils ont besoin. La terrasse du bistrot est au soleil. Il ne s’y arrête pas.
Il a oublié de faire une liste des achats. Il devra refaire le trajet mais n'emmènera pas les lecteurs. Ils connaissent désormais le chemin.
Il est temps de se rabattre à l’ombre des arbres de la berge.
Dimanche 19 juin, Génelard
Il y a la plante aquatique et il y a l’herbe.
Il ne faut pas confondre. La plante aquatique est celle qui pousse dans l’eau ; l’herbe, celle qu’on pousse à l’eau. On a fauché les berges pour qu’elles soient «propres» et on a fichu l’herbe dans le canal en laissant à d’autres le soin de s’en occuper. L’herbe s’accumulera en amont des écluses. On viendra la ramasser lorsqu’elle bloquera l’ouverture des portes de l'écluse. Ils connaissent ça.
Ils ne vont pas passer l’été à Génelard. Une baisse des températures est annoncée pour demain. Ils largueront les amarres.
Lundi 20 juin, Génelard - Montceau-le-Mines
Comme prévu la température a un peu baissé. Quelques nuages calment l’ardeur du soleil.
Ils larguent les amarres un peu avant 9:00 de manière à se présenter à la première écluse pour l’ouverture. Le fauchage des berges se poursuit. A Ciry-le-Noble, l'entreprise Claudius Martin et fils ne transporte plus rien depuis bien longtemps. Ils franchissent les écluses sans attentes ni incidents malgré l’herbe fichue à l’eau. Ils se présentent devant les ponts basculant, levis et levant de Montceau-les-Mines un peu trop tard pour les passer avant la pause de midi. Ils patienteront jusqu’à 13:00 pour pouvoir accéder au port et amarrer le bateau vers 13:30. 4.5 heures pour 18 kilomètres, 7 écluses et une pause de 1 heure.
Mardi 21 juin, Montceau-les-Mines
Ils se réveillent dans la grisaille. Ils regardent incrédules la pluie faire des ronds dans l’eau. Ils n’en demandaient pas tant. Le soleil ne met toutefois pas longtemps pour récupérer le ciel. Le marché s’est installé sur le quai. A la rue du 11 Novembre, une maison s’est mise au vert pour se protéger de la chaleur. Eux se replient sur la terrasse de bistrot adoptée lors de la précédente escale, en attendant l’orage annoncé.
Mercredi 22 juin, Montceau-les-Mines
L’orage a épargné la fête de la musique. La pluie l’a un peu mouillée.
C’était la veille au soir. Aujourd’hui, en début de journée, nuages et soleil se partagent le ciel. Orages et grêles sont annoncés pour la soirée. Ils ont décidé d’attendre demain pour larguer les amarres. Ils ne quitteront pas Montceau-les-Mines sans compléter les clichés par des prises de vue du pont-levis et du port.
Ils placent Montceau-les-Mines dans la catégorie des escales urbaines agréables sur le canal du Centre.
Jeudi 23 juin, Montceau-les-Mines - Montchanin
Ils étaient partis pour une étape-double.
Destination Saint-Julien-sur-Dheune, avec une pause à Montchanin pour la mi-journée. A midi, le ciel s’assombrit. Météo-France annonce des risques d’orage et de grêle en vigilance orange. Les prévisions météo les ramènent à la raison. Ils se contenteront d’une étape-simple : 3 heures pour 12 kilomètres et 9 écluses. Ils laisseront passer l’orage en passant la nuit à Montchanin. Ils sont au sommet du canal du Centre. Ils entameront la descente vers la Saône demain.
Vendredi 24 juin, Montchanin - Saint-Julien-sur-Dheune
Ils entament la descente sur la Saône sous un ciel menaçant.
Ils espèrent passer entre les gouttes. Le ciel les nargue. Ils sentent qu’il ne faut pas trop le provoquer. Ils amarrent le bateau à Saint-Julien-sur-Dheune avant que les nuages ne se lâchent. Il faut attendre la fin de l’après-midi pour entrevoir quelques timides éclaircies.
«L’autre» n’est pas seul à s’être abrité de l’orage. Il risque d’y avoir embouteillage aux écluses à la reprise de la navigation demain matin.
Samedi 25 juin, Saint-Julien-sur-Dheune - Chagny
Aujourd’hui, ils ont fait fort.
Ils quittent Saint-Julien-sur-Dheune avant que la péniche-hôtel «La vie en rose» ne largue les amarres. L’étape commence mal. Les deux premières écluses sont en panne. L’éclusier qui intervient bougonne. Il a dû se lever du mauvais pied. La journée sera une accalmie dans la succession des averses et orages. Une période pluvieuse est prévue dès demain. Ils décident d’atteindre Chagny en une seule étape. Lorsque Chagny est en vue, «l’autre» se sent pousser des nageoires.
Plus de 6 heures de navigation pour 26 kilomètres et 15 écluses. La mascotte du port les félicite.
Dimanche 26 juin, Chagny
Ils sont sortis d’une période d’averses orageuses pour entrer dans une période de pluie. Une pluie pas forte mais obstinée qui semble s’être installée pour durer.
Ils font le point. Cela fait 34 jours qu’ils ont rejoint le bateau. Ils ont parcouru 191 kilomètres, franchi 98 écluses, navigué quelques 44 heures en 15 étapes. Ils renoncent à faire des moyennes ; ne veulent pas se décourager. Sur la carte, un double trait rouge, Chagny – Digoin et retour. Optimistes, ils avaient pourtant cadré large l’extrait de la carte.
Ils profiteront de l’escale à Chagny pour prendre soin de «l’autre» : le circuit de refroidissement du moteur souffre encore d’une fuite. Et après un mois, le bateau a besoin de nettoyages ; leurs vêtements aussi. Ils fermeront le carnet de bord le temps de l’escale. Sauf circonstances particulières, ils ne le rouvriront que lorsqu’ils largueront les amarres.
Le retour du soleil justifie bien une petite note dans le carnet de bord.
La veille les bateaux se sont dorés au soleil couchant.
Ils profitent du beau temps revenu pour faire sécher le linge propre sur la terrasse de «l’autre» avant de rejoindre une terrasse de bistrot. Ils empruntent l’itinéraire bis pour rejoindre le centre ville. Ils longent le canal et franchissent avec lui les voies ferrées. Le Café du Siècle a mauvaise mine. Ils s’installeront à la terrasse de l’Alibi.
Lundi 4 juillet, Chagny
Ils avaient prévu larguer les amarres.
L’orage a grondé alentour durant la nuit. Elle a mal dormi, ne se sent pas suffisamment en forme pour naviguer. Le jour est gris. Il pleuvine. Un temps à rester à quai. Pourquoi faire aujourd’hui ce que l’on peut reporter à demain ? Ça ira mieux demain !
L’après-midi s’éclaircit. Sur l’itinéraire bis pour le centre ville, là où le canal croise la route et la voie ferrée, ils testent une nouvelle terrasse.
A Chagny, les escales ont tendance à se prolonger. Ils y passeront une dixième nuit. A moins qu’un arbre ne tombe sur le bateau, demain ils largueront les amarres.
Mardi 5 juillet, Chagny - Fragnes
Ils y vont !
Il faut bien larguer les amarres, à un moment ou à un autre. C’est la nécessité du bateau. Sans amarres à larguer, le bateau devient bungalow. Ils doivent veiller à ne pas se sédentariser. Cap sur la Saône. Ils n’ont pas tellement le choix. Les carrefours sur les voies fluviales sont rares. La destination pour aujourd’hui : Fragnes. La circulation sur la voie d’eau rappelle qu’ils sont entrés dans la haute saison.
3.75 heures pour 12.5 kilomètres et 11 écluses.
Mercredi 6 juillet, Fragnes
Fragnes, c’est un port et une capitaine accueillante. Sinon, une boulangerie fermée le mercredi et une terrasse de bistrot qui n’ouvre que pour les repas. Pourtant ils passeront une nuit supplémentaire à Fragnes. Lorsqu’ils attachent les amarres en fin d’après-midi (ce fut le cas la veille), ils ne les larguent pas le lendemain. La règle s’ajoute à celle qui veut qu’après une étape de navigation de plus de cinq heures, ils font une pause le lendemain. Ils peaufinent leur logiciel de vie au fil de l’eau.
Ils sont au seuil de la Saône, un seuil de plus de 10 m, l’écluse de Crissey, à une demi-heure de leur point d’amarrage.
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