Canal de la Marne au Rhin (boucle de la Moselle, Nancy)

Jeudi 14 août
Ils ont quitté la halte fluviale de Commercy vers 8:30 h sous un ciel gris.
Ils sont arrivés au bout du canal de la Meuse et ont rejoint le canal de la Marne au Rhin qu'ils descendent, direction Toul, en traversant un tunnel qui précède une échelle d'écluses. Aux rares bifurcations, des panneaux de signalisation indiquent les directions à l'attention des étourdis qui ont oublié d'emporter une carte.







Ils se sont laissés entraîner par « Neptun » jusqu'à Toul qu'ils prévoyaient atteindre en deux étapes : 30 km et 17 écluses en quelques 6 heures.
Ils ont de la difficulté à trouver une place d'amarrage au Port de France. Ils finissent par glisser le bateau « au chausse-pied » dans une place trop étroite pour le « Neptun » ; celui-ci prendra finalement la place que libère un bateau qui opportunément quitte le port.
Après une si longue étape, conformément à leur habitude, ils resteront à quai au moins un jour. A la capitainerie on les informe que VNF a annoncé une grève dont les modalités ne sont pas encore connues. Ils reçoivent un numéro de téléphone à appeler pour obtenir des informations s'ils décident de reprendre la navigation samedi. Ils devront sans doute prolonger leur escale pour une durée encore indéterminée.

Vendredi 15 août
Au petit déjeuner, les canards dorment encore sur leur ponton. Le ciel nuageux menace d'averses. Le soleil aura de la peine à se manifester.
Le Port de France est situé à quelques pas du centre ville. On emprunte, vers le sud, l'Avenue Victor-Hugo, bordée, d'un côté, d'un pittoresque ensemble de constructions 1900, de l'autre, d'un banal ensemble de locatifs 2000. On prend sur la gauche pour pénétrer dans le centre ville par la porte de France. Des fortifications construites par Vauban, toujours en eau et quasi intégralement conservées, ceignent le bourg d'une couronne de verdure. Le patrimoine bâti est étonnement dense compte tenu de la relative petite taille de la ville. Les deux tours d'une imposante cathédrale gothique dotée d'un cloître dominent la cité. Faisant fi de la séparation des pouvoirs, l'hôtel de ville est ici situé au pied de la cathédrale. Les ruelles aux tracés et gabarits moyenâgeux sont bordées de façades entremêlant sans scrupule des architectures s'échelonnant du 13ème au 20ème siècle, dans des formes de collages parfois surprenants.
















Ils n'ont pas réussi à obtenir d'informations précises quant à la grève des VNF. Quelques bateaux ont circulé aujourd'hui. Si grève il y a, ses effets ne semblent pas sensibles sur la navigation. Quoiqu'il en soit, sous le charme de la ville de Toul, ils ont décidé de passer une journée supplémentaire à quai.

Samedi 16 août
Le ciel est toujours nuageux mais le soleil, plus téméraire que la veille, réussit quelques percées. Le temps semble s'améliorer.
Plusieurs bateaux quittent le port. Tous dans la direction de Nancy, direction qu'ils prendront également demain matin. Au vu de la circulation, le préavis de grève ne devait être qu'une rumeur.
Un petit marché campagnard se tient le samedi matin au pied de la collégiale Saint-Gengoult. Ils connaissent désormais un nouveau nom de saint.
Que dire du port de Toul ? L'environnement est idéal : une petite ville avec un centre pittoresque situé à quelques pas et offrant tous les commerces souhaitables et des bistrots avec terrasses sur d'agréables petites places ; une station-essence avec un dépôt de gaz, à quelques pas également. Le port par contre est un peu trop grand à leurs goûts. L'amarrage perpendiculaire aux pontons crée une certaine promiscuité en cas d'affluence. Ils ont enduré la station « radio-ponton » animée par deux couples de Français inépuisables en anecdotes de navigateurs chevronnés, en tranches de vie de ceux qui en connaissent un bout, en avis avertis sur la politique et en chansons du répertoire folklorique gaulois. Et pas moyen de mettre le bouton sur off. Les deux couples ont repris la navigation en début de matinée. La journée sera plus calme.


Dimanche 17 août
Hier en fin de journée, le soleil avait pris entièrement possession du ciel. Il en est de même ce matin. Mais la température reste fraîche : 13 degrés à bord au lever.
Le « Neptun » reprendra la navigation ce matin, comme eux. La veille, ils ont convenu de partir ensemble à 9:00 h, destination Nancy.
A la première écluse située à la sortie du port, le personnel VNF les informe qu'il n'est pas possible de rejoindre Nancy aujourd'hui. Pour raison de grève des écluses sont fermées sur le trajet. Retour au port et report du départ au lendemain matin. La grève a donc bien quelque réalité. Ils ne savent par contre toujours pas quelles revendications la motivent. Peut-être la fermeture dominicale du réseau ?
Des bateaux décident malgré tout de naviguer avec le secret espoir de pouvoir passer ou en acceptant sinon de s'amarrer devant les écluses fermées dans l'attente du lendemain. Certains d'entre eux reviennent au port. Ils seront sans doute nombreux demain à reprendre la navigation.
A la mi-journée le ciel est à nouveau couvert de nuages sombres poussés par un fort vent d'ouest. Quel mois d'août pourri ! Ils ne risquent pas de souffrir de la canicule. L'année prochaine, ils mettront le cap au Sud ! Dommage que la Durance ne soit pas navigable. La remarque n'a de sens que pour certains. Les autres n'y prêteront pas attention.


Lundi 18 août
Le ciel est encore couvert de nuages sombres. Mais le vent est moins violent. Si la pluie renonce à tomber, les conditions de navigation seront favorables. Mais elle ne renoncera pas.
Ils se présentent avec le « Neptun » devant l'écluse à la sortie du port vers 9:00. Deux bateaux attendent déjà. Ils doivent patienter le temps d'une éclusée. Un troisième bateau les rejoint. Ils passeront l'écluse et les suivantes à trois, un peu serrés. L'employé VNF confirme qu'aucune écluse n'est aujourd'hui fermée jusqu'à Nancy.
Après trois écluses ils rejoignent la Moselle canalisée qu'ils empruntent sur la gauche pour atteindre Nancy par le Nord. La voie d'eau prend de l'ampleur et les écluses également. En attente devant la première écluse du tronçon, ils sont rejoints par deux autres bateaux. L'écluse accueille généreusement le convoi de cinq bateaux.


Après Pompey, ils rejoignent le canal de la Marne au Rhin qui conduit, au nord, à Metz et, au sud, à Strasbourg. Ils mettent le cap au sud. L’urbanisation du paysage et l'occupation des berges par les bateaux logements annoncent Nancy qu'ils atteignent vers 15:45, soit près de sept heures après leur départ de Toul. C'est leur record d'étape.
La pluie les aura accompagné la quasi-totalité du trajet. Pas abondante, mais suffisamment présente pour rendre désagréable le passage des écluses, pour elle surtout qui doit sortir pour amarrer le bateau. Et l'essuie-glace a décidé de faire du zèle, de ne plus s'arrêter même lorsqu'on le déclenche, sans doute vexé par les propos tenus à son égard. Il faut taper sur le moteur pour le remettre à l'ordre.
Fourbus, humides et refroidis, ils trouvent tout-de-même l'énergie pour une petite incursion dans le centre ville. De la ville, ils en parleront dans leur prochaine notice.
Ils ont réservé trois nuits à la Capitainerie. Les presque sept heures de navigation le méritaient bien.










Mardi 19 août - mercredi 20 août
Nancy, pour eux, c'est bien évidemment le port dans lequel ils séjournent avec sa collection de bateaux hétéroclites dont certains servent manifestement de logement à l'année.








Nancy, pour la plupart, c'est la place Stanislas. Le Stanislas dont la résidence préférée était le château de Commercy qu'ils avaient découvert de manière inattendue. Ceux qui ont bien suivi s'en souviendront.


Nancy, pour certains, c'est l'art nouveau. Ils ont délibérément pris le parti de flâner dans la ville avec l'objectif de repérer des témoins représentatifs de l'architecture art nouveau.












La doctrine de la mise en valeur par le contraste a sévi ici comme ailleurs.
Le temps est toujours aussi maussade. En ballade, ils se réfugient sous les parasols des terrasses de bistrots pour laisser passer les averses.
Le canal de la Marne au Rhin qui traverse Nancy en longeant la Meurthe poursuit sur Strasbourg. Le « Neptun » a repris la navigation ce mercredi matin dans cette direction. Eux largueront les amarres demain matin, jeudi. A la sortie de Nancy, ils emprunteront un petit canal de jonction, qui fait le lien entre la vallée de la Meurthe et celle de la Moselle, pour s'engager dans le canal des Vosges qui les ramènera à la Saône.

Jeudi 21 août
Les prévisions météorologiques annonçaient des éclaircies. L'éclaircie est généreuse. Le ciel est entièrement dégagé. Aucun nuage en vue.
Ils larguent les amarres vers 9 h avec l'intention de rejoindre Richardménil au début du canal des Vosges : 22 km et 19 écluses. L'étape devrait prendre toute la journée, environ 7 heures.
Ils ont une écluse à franchir sur le canal de la Marne au Rhin avant d'emprunter le canal de jonction avec le canal des Vosges. Embouteillage devant l'écluse. Une bassinée est en cours et ils doivent encore patienter pendant deux autres. Ils ne sortent de l'écluse qu'une heure plus tard.


Peu après l'écluse, ils s'engagent à droite dans le canal de jonction. Sur 12 km, 18 écluses les attendent dont une échelles de 10 sur laquelle les écluses se succèdent tous les 300 m en moyenne. Malgré un certain trafic, les écluses s'enchaînent de manière fluide sans incident. Après avoir grimpé l'échelle, ils descendent vers le canal des Vosges. Une écluse refuse de répondre à la télécommande. Ils contactent le PC. A peine la voiture des VNF arrive-t-elle sur place que l'écluse se décide à entrer en action, sans doute impressionnée par l'imminente intervention de l'éclusier.




A la sortie du canal de jonction, ils s'engagent à gauche sur le canal des Vosges. Encore deux kilomètres et ils sont à destination. Ils amarrent le bateau à la halte de Richardménil vers 16:30. Nouveau record d'étape : 7.5 heures. Ils veilleront à ne pas prendre de mauvaises habitudes et ralentiront le rythme.
L'éclaircie annoncée s'est maintenue toute la journée, seuls quelques nuages décorent le ciel.


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