Gray – Savoyeux
Jeudi 13 juin
«L’autre» a trouvé un compagnon de navigation. Sans chercher. Depuis leur rencontre à Auxonne, «l’autre» et «Out of the Blue» avancent au même rythme, sans se concerter.
Ils larguent les amarres vers 8:15. Plus tôt que d’habitude. Ils savent que l’étape sera relativement longue. Ils quittent la ville pour s’enfoncer dans la nature. Après 4.75 heures de navigation pour 26 kilomètres, 4 écluses et un tunnel, «l’autre» est amarré à Savoyeux.
Elle propose une escale de deux nuits ; il est d’accord. «Out of the Blue» ne s’est pas encore déterminé.
Savoyeux
Vendredi 14 juin
«L’autre» a pris un jour de congé.
Le mauvais temps est de retour : une pluie fine mais persistante et un vent soutenu. Contre toute attente, «Out of the Blue» a largué les amarres. «L’autre» le retrouvera sans doute un peu plus loin.
A Savoyeux, il n’y a rien à voir, hormis les bateaux du port.
Ils font le point. Ils ont renoncé à prendre le canal de la Marne à la Saône en raison d’une prolifération d’algues. Ils apprennent que le canal de la Marne au Rhin (branche ouest), qu’ils ont choisi comme itinéraire bis, est également encombré d’herbes aquatiques. Ils doutent pouvoir atteindre Amiens, leur objectif initial. Ils ont parcouru 167 kilomètres en 19 jours. Il leur reste 652 kilomètres à parcourir. Au rythme où ils avancent il leur faudra encore 75 jours. Sans accélérer sérieusement, ils ne pourront pas être de retour à Chagny avant la fin octobre. La perspective d’augmenter sensiblement la cadence ne leur convient pas du tout. Ils iront jusqu’où la voie d’eau restera accueillante et où il sera temps de faire demi-tour.
Savoyeux – Ray-sur-Saône
Samedi 15 juin
«L’autre» cherche un bistrot. Et subsidiairement une boulangerie. A Savoyeux, il n’y a rien à voir, ni à manger, ni à boire. Le bar de la Capitainerie a fermé définitivement ; la boulangerie du petit village le plus proche, Seveux, également. Ils sont sur ce que certains géographes désignent comme la diagonale du vide.
Malgré un temps maussade, ils larguent les amarres. Après 1.25 heures de navigation pour 10 kilomètres et 1 écluse de garde, ils rejoignent, comme par hasard, «Out of the Blue» aux pontons de Ray-sur-Saône.
Ils y trouvent ce qu’ils cherchaient : le bar-restaurant «Chez Yvette» fait dépôt de pain et petite épicerie.
Le clocher de l’église Saint-Pancrace sonne les heures. Elle apprécie.
Ray-sur-Saône
Dimanche 16 juin
Le lieu vaut le détour.
Pour atteindre les pontons on quitte la dérivation qui conduit à l’écluse pour remonter le cours naturel de la Saône sur environ 500 mètres. Dans un écrin de verdure, à l’écart de l’axe de la navigation et des routes, la halte est particulièrement calme. En quelques pas on accède «Chez Yvette», bar-restaurant, dépôt de pain, petite épicerie. «Chez Yvette», pas de carte ; un menu unique, une cuisine familiale et un accueil chaleureux.
Le village vaut la balade. Ils montent la Grand-Rue jusqu’à l’église et à l’ancien lavoir, poursuivent la montée par la Rue du Château qui, comme son nom l’indique, amène au château qui surplombe le village. Un portail monumental donne accès à une majestueuse allée d’arbres qui conduit à l’entrée principale de l’édifice.
Les façades des constructions ordinaires racontent à leur manière, parfois maladroite, l’histoire du lieu.
Ils s’arrêtent «Chez Yvette» avant de rejoindre «l’autre».
Ray-sur-Saône
Lundi 17 juin
«L’autre» attend l’éclaircie sous la silhouette mouillée du clocher de l’église Saint-Pancrace.
Depuis qu’ils ont rejoint le bateau, il y a une quarantaine de jours, ils n’ont utilisé la terrasse que deux ou trois fois. Les ventilateurs n’ont pas encore tourné. Les shorts et t-shirts sont au placard.
Pour ajouter à la morosité ambiante, «Chez Yvette» ferme le lundi.
Les prévisions annoncent des éclaircies et une hausse sensible de la température pour demain.
Ray-sur-Saône – Scey-sur-Saône
Mardi 18 juin
Le ciel leur devait bien ça.
Ils larguent les amarres sous un soleil à peine voilé. Les écluses se succèdent sans attente, ni incident. Les nombreuses et parfois longues dérivations donnent à la voie d’eau le caractère d’un canal. Les travaux de réfection du tunnel de Saint-Albin ne ralentissent même pas la navigation. Après 3.50 heures pour 19 kilomètres, 6 écluses et 1 tunnel, ils atteignent le port de Scey-sur-Saône qui est aménagé sur une dérivation, à l’écart de la localité, à une petite demi-heure à pieds. Ils décident de poursuivre jusqu’au ponton du village situé sur la rivière, en cul-de-sac, en amont du barrage. Le ponton est un peu bringuebalant ; le bruit des chutes d’eau proches, un peu obsédant. Les prévisions annoncent des orages pour la fin de la journée. Ils rebroussent chemin pour se mettre à l’abri dans le port (45 minutes pour 6 kilomètres, aller-retour). 32 degrés à bord. Les ventilateurs tournent pour la première fois de la saison.
Scey-sur-Saône
Mercredi 19 juin
Aujourd’hui ils marcheront.
Un sentier pédestre ombragé longe la route départementale jusqu’au village. Le ponton en amont des chutes d’eau est désert. Le distributeur automatique a remplacé la boulangerie. Le seul bistrot à portée de pas est fermé le mercredi. La pharmacie est ouverte ; ils n’en ont que faire. Le restaurant le plus proche du port, «Les Deux Ports», est fermé en attente d’une serveuse expérimentée. Ils rejoignent le bateau un peu dépités. L’épave indifférente repose en paix.
P.-S. Ils ont tout-de-même trouvé une supérette pour compléter les provisions.
Scey-sur-Saône – Port-sur-Saône
Jeudi 20 juin
L’étape sera courte.
Ils quittent Scey-sur-Saône pour Port-sur-Saône situé à 1.75 heures de navigation pour 9 kilomètres et 2 écluses.
Aux deux écluses, le bateau de location qui les précède enclenche la bassinée sans laisser à «l’autre» le temps d’entrer. L’incivilité se rencontre même au fil de l’eau. Les algues colonisent la dérivation et le port. Les Voies Navigables de France (VNF) ont engagé de gros moyens pour les arracher.
Ils pensaient trouver une localité plus animée que Scey-sur-Saône. L’ambiance y est tout aussi morose même si les commerces sont plus nombreux. Ils se sentent un peu perdus dans un territoire oublié. Ici au moins ils trouvent un bistro ouvert à quelques pas du port.
Ils attendront demain soir la fête de la musique pour éventuellement revoir leur jugement.
Port-sur-Saône
Vendredi 21 juin
La localité cache bien ses charmes.
Le centre est encombré par la route nationale qui traverse le parvis de l’église St-Etienne et la terrasse du bar Le Niagara en face. La peinture de la Fresque des Droits de l’Homme a perdu ses couleurs ; celle des cartes postales sur le mur borgne de la Place de la Mairie aussi. Les amoureux sur le banc public sont figés dans le bronze.
Ce soir la fête de la musique animera peut-être le lieu, si le ciel le veut bien. L’orage menace.
Port-sur-Saône
Samedi 22 juin
«L’autre» attend l’éclaircie. Comme trop souvent cette saison. Ils se sont habitués au paysage détrempé des fenêtres ruisselantes.
Port-sur-Saône – Fouchécourt
Dimanche 23 juin
Sans faire trop de vagues, «l’autre» avance.
A petites étapes. Ils quittent Port-sur-Saône et sa friche industrielle pour s’enfoncer dans la nature. Le ciel tente de s’éclaircir ; il a de la peine. Après 2.5 heures de navigation pour 16 kilomètres et 1 écluse, ils amarrent le bateau à Fouchécourt. Ils n’iront pas au petit village. Ils savent qu’ils n’y trouveront ni boulangerie, ni épicerie, ni bistrot. Ils profiteront de la ginguette improbable installée au petit port avant qu’elle ne ferme demain.
Fouchécourt
Lundi 24 juin
Il fait trop beau pour naviguer.
Et le vent souffle un peu trop fort. Un vent du nord de 25 km/h qui a nettoyé le ciel et rend la chaleur agréable. Une journée qui risque d’être rare et dont ils veulent profiter. Un temps de terrasses. Ce sera celle de «l’autre». La guinguette est fermée le lundi. La veille au soir, le village y a fait la fête.
Fouchécourt – Corre
Mardi 25 juin
Le vent est tombé. Le ciel est dégagé. «L’autre» glisse sur le miroir de la rivière. Il ne trouble que le reflet du héron cendré qui impassible le regarde passé.
Ils ont quitté Fouchécourt vers 8:45 pour la dernière étape sur la Petite Saône. Après 3.5 heures de navigation pour 23 kilomètres et 3 écluses, ils amarrent le bateau au ponton pour visiteurs du port de Corre. Au-delà la rivière n’est plus navigable. Ils sont au pied de la branche sud du Canal de l’Est (Canal des Vosges).
Ils équipent la terrasse du bateau. Ils ont presque oublié que fin juin il peut faire chaud. Le bar-restaurant «La Marina», situé au port, est fermé le mardi. Ils ne s’en étonnent même pas tant ils sont habitués à faire escale les jours de fermeture. Ils prolongeront l’escale.
Petite Saône (Gray - Corre)
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