Vendredi 6 juillet
Ce fut la dernière nuit à Port-la-Robine.
Ils larguent les amarres vers 9:15. A la sortie du port, ils mettent le cap à l’Est, direction Rhône. «Ediacara» prolonge l’escale. «L’autre» connaît son équipage. Il sait qu’«Ediacara» ne mettra pas longtemps à le rejoindre.
Après le passage du Pont de Pigasse, ils sont pris dans un bouchon qui s’est formé derrière la péniche «Espérance». Autant s’arrêter à l’ombre que naviguer au soleil entre ralenti et point mort. Ils plantent les pieux et amarrent le bateau sous une rangée de platanes en sursis, à sept kilomètres de Capestang, la destination prévue. Après l’apéro, le repas de midi et la sieste, ils hésitent à reprendre la navigation. Elle se souvient qu’à Capestang les places à l’ombre sont rares. «L’autre» le savait bien, «Ediacara» n’aura aucune peine à le rattraper.
Samedi 7 juillet
Sous le feuillage des platanes, ils redécouvrent la nuit en nature. Quand la seule lumière est celle du ciel; le seul bruit, celui des oiseaux nocturnes.
Ils reprennent la navigation vers 9:00. Une petite heure plus tard ils amarrent le bateau au port de Capestang. Le bateau ne sera pas à l’ombre avant la fin de l’après-midi. Ils se réfugient sur les terrasses à l’ombre des platanes de la Place Jean Jaurès, au pied de la Collégiale Saint-Etienne, aux sons de la fanfare.
Dimanche 8 juillet
A Capestang, le dimanche matin, les terrasses des bistrots partagent la Place Jean Jaurès avec les étals du marché.
Ils complètent les provisions avant de reprendre la navigation vers 10:00. Une heure et demi plus tard, ils amarrent le bateau aux troncs de platanes survivants. Après le soleil accablant du port de Capestang, ils choisissent l’ombre bienveillante de l’escale en sauvage. Ils ne sont pas les seuls.
Lundi 9 juillet
Le réveil fut exceptionnellement matinal. «L’autre» largue les amarres à 7:00 avec «Ediacara» dans son sillage. Le soleil levant baigne le canal d’une lumière jaune laiteuse. Les autres bateaux dorment encore. Ils sont les premiers à froisser l’eau lisse. L’épave qui ne tient plus qu’à un fil ne s’en soucie guère. Ils se présentent devant l’échelle des sept écluses de Fonserannes avant 8:00 et profitent de la première bassinée avalante. Ils passent les ports de Béziers et Villeneuve-sur-Béziers, déjà accablés de soleil, à la recherche d’une allée de platanes rescapés. Ils la trouvent au PK 217 à proximité de la guinguette «La Gambille», à moins de deux kilomètres de Portiragnes.
4.75 heures de navigation pour 17 km et 11 écluses.
Mardi 10 juillet
Ils se présentent devant l’écluse de Portiragnes à l’heure d’ouverture.
Les bateaux qui se sont mis à l’ombre la veille hésitent à quitter leur refuge. L’épave reprend son souffle sur la berge. Ils traversent un énigmatique ouvrage destiné à gérer l’intersection du canal avec la rivière Libron, avant d’atteindre Vias où la péniche «Wietske» fait escale. Ils passent le port à la recherche d’une place d’amarrage à l’ombre. Ils la trouvent environ un kilomètre plus loin.
Mercredi 11 juillet
«L’autre» se réveille à l’ombre, rafraîchi par la nuit.
Ils prennent leur temps. Ils ne largueront pas les amarres aujourd’hui. Le marché s’est installé dans les rues du centre de Vias. Le ciel est désespérément bleu; la chaleur, étouffante. La péniche «Carabosse» s’est mise à l’ombre devant «l’autre». «Riana», aperçue le 17 juin dernier à Sallèles-d’Aude, les rattrape.
La traversée de l’étang de Thau est déconseillée lorsque les vents dépassent force 3 sur l’échelle de Beaufort. L’étang de Thau appartient au domaine maritime. On y parle une langue étrangère à «l’autre», mais heureusement familière à «Ediacara». Les vents devraient forcir dès samedi. Ils se lanceront demain.
Jeudi 12 juillet
Rien ne sert de partir à temps. Il faut patienter.
Ils ont pris leurs dispositions pour se présenter devant l’écluse ronde d’Agde à 8:30, heure présumée d’ouverture. L’écluse n’ouvre qu’à 9:00. Ils n’y entrent qu’un bon quart d’heure plus tard en raison d’une péniche à passagers qui a la lumineuse idée d’entreprendre un lent tourner sur canal devant les portes ouvertes de l’écluse.
«L’autre» s’engage sur le vaste étang de Thau dans le sillage rassurant «d’Ediacara» pour faire escale à Bouzigues, village berceau de l’élevage des coquillages sur l’étang. L’escale aura des couleurs méditerranéennes et des parfums de fruits de mer.
Vendredi 13 juillet
Bouzigues vaut bien une escale.
Le temps de se perdre dans le dédale des ruelles étroites du centre ancien, à la recherche d’une terrasse à l’ombre. Le temps de déguster, en soirée, un plateau de fruits de mer sur le quai de l’étang.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire