Canal du Rhône à Sète (Bouzigues - Saint-Gilles)

Samedi 14 juillet
A Bouzigues, le feu d’artifice est avancé au 13 juillet.
La nuit fut agitée. Des jeunes ont fêté dans le port jusqu’au petit matin.
Ils reprennent la navigation vers 9:00, laissent derrière eux le port de Bouzigues, achèvent la traversée de l’étang de Thau, le soleil dans les yeux, toujours dans le sillage «d’Ediacara», s’engagent dans le canal du Rhône à Sète (pour eux de Sète au Rhône) et s’amarrent au port de Frontignan vers 10:30. D’ordinaire, on descend à quai et on monte à bord; souvent, avec «l’autre», on monte à quai et on descend à bord.







Dimanche 15 juillet
La ville de Frontignan, n’a pas de centre, mais un coeur.
Elle n’est pas coquette, mais insolite. Elle ne se soucie pas de farder ses façades. Elle mélange les styles sans scrupules. Même la gare s’écarte des images reçues. A Frontignan, on n'hésite pas à jouer aux boules avec des cubes.
Le parti socialiste a fermé boutique, pas seulement pour le 14 juillet; Coiffure Mixte également.








Lundi 16 juillet
Ils avaient déjà oublié le mauvais temps. Il se rappelle à leur bon souvenir.
A Frontignan, un pont barre le canal. Il se lève trois fois par jour pour laisser passer les bateaux: à 8:30, 13:00 et 19:00. En début de matinée l’orage gronde et les nuages lâchent la pluie. A 13:00, un fort vent se lève. A 19:00, il sera un peu tard pour reprendre la navigation. Ils attendront demain pour passer le pont, pour autant que le temps leur convienne.


Mardi 17 juillet
«L’autre» passe sous le pont levant de Frontignan vers 8:30, suivi par «Ediacara».
Le paysage du Canal du Rhône à Sète est radicalement différent de celui du Canal du Midi. La voie d’eau endiguée, plus ou moins, traverse de vastes étangs. Lorsque la digue devient bande de terre, les cabanes de pêcheurs décorent le paysage. Le stationnement n’est plus possible en dehors des haltes ou ports aménagés. Ils ne connaîtront plus l’amarrage sauvage à l’ombre accueillante des plantations généreuses. Ils amarrent le bateau au port de Palavas-les-Flots vers 11:00, à l’heure de l’apéro qu’ils partagent avec l’équipage «d’Ediacara».
Les ruelles du centre sont encombrées de touristes et de boutiques qui vont avec. Les marchands n’hésitent pas à s’installer sur le parvis de l’église. Personne aujourd’hui ne les en chassera. Ils battent en retrait et trouvent une terrasse de bistrot en marge. Ils ne passeront pas deux nuits à Palavas-les-Flots.






Mercredi 18 juillet
Avec «Ediacara», «l’autre» prend l’habitude de se réveiller tôt.
Il quitte Palavas-les-Flots vers 7:45 avec «Ediacara» dans son sillage pour l’encourager, rejoint le canal et met le cap vers l’est, le soleil en face. Toujours le même paysage des étangs au-delà des digues agrémentées de cabanons de pêche qui pour certains n’ont de «pêche» plus que le nom.
Ils amarrent le bateau au pied des fortifications d’Aigues-Mortes vers 10:30. En trois ans ils n’ont pas perdu leurs repères: les platanes de la Place St-Louis et le bistrot Le Perroquet où les chiens sont servis au bar.







Jeudi 19 juillet
Ils passeront une nuit supplémentaire au pied des fortifications d’Aigues-Mortes.
Les touristes sont concentrés dans la rue Jean Jaurès et sur la place Saint-Louis. Il suffit de faire quelques pas de côté pour quitter la foule. Un bureau tabac fait office de bureau de change pour la monnaie locale, le Flamant. L’arcade d’une maison désaffectée sert de pilier public alternatif sous une effigie défraîchie du «che».
Ils reprendront la navigation demain matin pour Saint-Gilles, le seuil du Rhône.







Vendredi 20 juillet
«L’autre» quitte Aigues-Mortes vers 7:45, avec «Ediacara» dans son sillage.
Le canal déroule ses tronçons rectilignes sous un ciel couvert, contre toute attente. Le ravinement a mis à nu les racines des arbres. L’épave s’est réfugiée sur la berge. Les chevaux broutent, indifférents au passage des bateaux. Après trois heures de navigation, ils amarrent le bateau au port de Saint-Gilles, comme prévu.
Ils sont à moins de trois heures du Rhône. Ils observent l’évolution du débit du fleuve. La tendance est à la baisse. Ils se lanceront lorsque le débit sera sensiblement inférieur à 1000 m³/s à Beaucaire.





Samedi 21 juillet
Au milieu de la nuit, ils essuient le plus gros orage de la saison.
Ils décident de prolonger l’escale à Saint-Gilles, attentifs aux effets de l’épisode orageux sur le débit du Rhône.
Ils rejoindront le Rhône via le Petit-Rhône. Ils le précisent pour celles et ceux qui craignent que «l’autre» se heurte aux portes closes de l’écluse de Beaucaire. Saint-Gilles est le dernier port équipé avant le Rhône. Ils l’ont choisi pour attendre confortablement des conditions favorables pour la remontée du fleuve, même s’ils ont dû s’écarter de leur route, sur une voie sans issue.
A Saint-Gilles, au pied du monument, la construction vernaculaire a le charme de l’inachevé.

Dimanche 22 juillet
Le débit du Rhône baisse mais le mistral souffle de manière trop soutenu.
Pour qui ne le saurait pas, le mistral est un vent contraire lors de la remontée du Rhône. Pour «l’autre», la fenêtre est étroite. Les conditions favorables devraient être réunies mardi. En attendant, ils complètent les provisions au marché et font les cents pas sur le quai. Les platanes sont désormais sur les places et le long des avenues. Le clochard céleste a élu domicile sur un bateau insolite devant les alambics géants de la distillerie industrielle.




Lundi 23 juillet
Demain ils feront escale sur le Rhône, si «l’autre» le veut.
Selon les prévisions, les conditions seront favorables: le débit est inférieur à 900 m³/s et un léger vent du sud remplacera le mistral. Ils largueront les amarres demain au petit jour.
Ils ont trouvé un second ventilateur pour le bateau dans une improbable librairie qui vend de tout et accessoirement quelques livres. L’oeuvre de Balzac en 24 tomes poussiéreux attend patiemment preneur à côté d’une machine qui ne doit plus avoir tiré de photos depuis belle lurette. Ils garderont de Saint-Gilles l’image d’un lieu nostalgique, accroché à son abbatiale aujourd’hui abandonnée même des pèlerins, semble-t-il.



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