Mardi 22 juillet
Ils avaient l'intention de faire escale à Berry-au-Bac, à la jonction avec le canal latéral à l'Aisne. Considérant les quais sont vides, l'épicerie-boulangerie fermée, ils décident de continuer à la recherche d'un amarrage moins désolant et s'engagent dans le canal latéral à l'Aisne, en montant.
Le canal prend un aspect de voie d'eau naturelle, en raison de son tracé sinueux et du caractère de ses berges. Ça fait longtemps que le chemin de hallage abandonné a été la proie de la nature. Il vaut mieux ne pas avoir à accoster d'urgence.
Variscourt offre une petite halte pourvue de bollards en souhaitant la bienvenue aux plaisanciers. Une clairière dans la forêt. Ils amarrent le bateau pour une petite pause repas. Il est environ 13:00.
Compte tenu des conditions météorologiques favorables et du caractère abandonné du canal, ils décident de poursuivre jusqu'à Asfeld, après une pause d'une petite heure. A leur grand étonnement, ils croisent deux bateaux de plaisance qui semblent, comme eux perdus, sur cette voie d'eau déserte.
A l'écluse en aval d'Asfeld, la voie d'eau change de nom : le canal latéral à l'Aisne devient le canal des Ardennes. Le canal continue pourtant de longer l'Aisne.
Ils amarrent le bateau à Asfeld vers 16:15. La halte n'offre aucun service hormis la présence de bollards déjà tous occupés. Ils amarrent le bateau aux clous en bout de quai. Depuis Berry, ils ont parcouru 21 km et franchit 3 écluses.
Longue étape : 7.25 heures effectives de navigation pour 45 km et 11 écluses.
Le bateau amarré, ils transfèrent dans la glacière les produits stockés dans le réfrigérateur qui avait conservé une certaine fraîcheur. La glacière est branchée sur les batteries domestiques. Ils observeront le témoin de charge des batteries. Ils devront sans doute débrancher la glacière pour la nuit. Ils doivent encore apprendre cette nouvelle gestion du froid à bord.
La couverture nuageuse commence à faire place au soleil. Demain, l'étape devra être moins longue. La nuit ici sera calme. Ils récupéreront de leur mauvaise nuit à Reims.
Mercredi 23 juillet
Ils larguent les amarres vers 7:45 avec l'intention de s'arrêter à Rethel.
Sur de nombreux tronçons, le canal, bien qu'ayant changé de nom, présente, comme son prédécesseur, le caractère d'une voie naturelle bordée des incontournables silos.
Ils ne croisent que des bateaux de plaisances. Trois en quelques trois heures ; c'est un record.
Ils atteignent Rethel, 3.25 heures plus tard, après avoir parcouru 21 km et franchi 4 écluses.
La halte fluviale permet un branchement du bateau à l'électricité. Ils remettent en marche le réfrigérateur. Ils transféreront les produits de la glacière dans le frigo lorsque celui-ci aura suffisamment abaissé sa température.
Le guide fluvial met en garde: la ville de Rethel avec sa halte nautique est la dernière étape avant de vous confronter à la solitude des contreforts des Ardennes. N'oubliez pas de faire le plein de provisions.
Toujours selon le guide, le jeudi est jour de marché à Rethel. Quelle synchronisation !
Ils feront le marché demain matin avant de reprendre la navigation.
Dans le courant de l'après-midi, ils se rendent au centre ville pour s'installer à une terrasse et, après s'être désaltérés, faire le plein de conserves.
Les silos marquent la paysage du canal à tel point que même l'architecture religieuse du 20ème tente de s'y harmoniser.
L'ancienne église, dont la construction remonte au 13ème, a dû souffrir de la guerre 1914-1918 à considérer ses vitraux modernes.
Jeudi 24 juillet
Le ciel est dégagé. Pour le petit-déjeuner, la température à bord est de 21 degrés.
Le programme est chargé. Hier, ils ont aperçu une station-essence à quelques 200 m de la halte. Il faut en profiter pour compléter la réserve de gazole. Ils doivent également se rendre au marché pour compléter leurs provisions. Ils ne pourront larguer les amarres avant la mi-journée et devront naviguer en pleine chaleur. Face à ce constat, ils décident de passer la journée à quai et de reprendre la navigation demain dans la relative fraîcheur du matin.
A la mi-journée, ils ont fait le marché et deux aller-retour à la station-essence pour compléter leur réserve de gazole de deux bidons de 20 l.
La température est montée à 32 degrés.
L'après-midi sera consacrée à la recherche d'ombre sous les rares arbres du quai pris d'assaut, non seulement, par les occupants des bateaux, mais également, par les jeunes de la ville en vacances.
Vendredi 25 juillet
A 7:45, ils sont prêts à larguer les amarres. Deux bateaux hollandais quittent la halte avant eux. Rien ne sert de les suivre. Ils devront patienter devant la prochaine écluse qui ne pourra recevoir que les deux bateaux qui les précèdent. Ils attendent 8:00 pour reprendre la navigation à vitesse réduite.
Sous la lumière rasante du matin, l'eau du canal prend une curieuse épaisseur.
Ils se sont fixés Attigny comme prochaine escale : quelques 18 km et 4 écluses. La deuxième et la troisième écluses sont en réparation et doivent être actionnées par un employé des VNF. Ils doivent patienter dans l'attente de l'intervention de l'éclusier.
Les silos se font plus rares ; les péniches commerciales également. Ils croisent par contre 5 bateaux de plaisance, sans compter celui qui s'est définitivement perdu sur ce tronçon de canal.
Les bateaux croisés ont sans doute libéré des places à la halte d'Attigny qu'ils atteignent vers 11:15. Les deux bateaux hollandais qui les précédaient s'y sont amarrés.
C'est l'heure de l'apéro qu'ils prennent sur une terrasse de la place centrale de la petite ville qui offre tous les commerces utiles aux navigateurs, y compris une station-essence à proximité de la halte nautique. Ils ont déjà fait le nécessaire lors de l'escale précédente.
Le guide fluvial annonçait une agréable halte nautique ombragée. C'est le cas. La halte offre un point d'eau, par contre pas de branchement sur l’électricité.
Dans le courant de l'après-midi, deux bateaux hollandais supplémentaires, également montant, accostent. L'échelle d'écluses dans laquelle ils devront s'engager demain risque d'être encombrée. Demain est un autre jour. Ce soir, ils s'offriront le repas dans un restaurant.
Samedi 26 juillet
Aux premiers signes de réveil sur les bateaux, les canards s'approchent en quête d'une nourriture facile.
Ils avaient l'intention de reprendre la navigation tôt dans la journée ; tôt au sens où l'entendent des retraités. Ils larguent les amarres à 7:45, quasiment aux heures de bureau. Ils sont les seuls à quitter le port si tôt.
Ils franchissent une écluse et quelques 5 km pour se présenter vers 8:30 au seuil d'une échelle de 27 écluses sur 8 km. Un bateau est déjà engagé dans la première écluse. Il a dû passer la nuit au seuil de l'écluse. Ils doivent attendre leur tour. En partant, ils pensaient franchir l'échelle en deux étapes. Les écluses s'enchaînent de manière tellement fluide qu'ils décident de franchir l'échelle d'une traite.
Ils amarrent le bateau à Le Chesne à 14:15 : petite halte nautique communale qui permet de brancher le bateau sur l'électricité et de remettre en fonction le réfrigérateur. Un bateau belge qu'ils avaient déjà aperçu lors d'une précédente escale est déjà amarré. C'est lui qui les précédaient dans l'échelle. Deux des 4 bateaux hollandais qu'ils avaient laissés à Attigny les rejoignent un peu plus tard.
La localité présente une étonnante unité de style liée à une reconstruction massive suite aux bombardements de 1940. L'église a été remise en état et ornée de nouvelles verrières. Autour de la place : un commerce d'alimentation avec dépôt de gaz en bouteilles, une boulangerie et des bistrots. Tout ce dont les plaisanciers peuvent avoir besoin.
La nuit tombée, l’église illuminée veille sur la halte nautique.
Dimanche 27 juillet
Comme d'habitude, une étape de plus d'une demi-journée est nécessairement suivie d'une escale d'un jour au moins. Ils resteront donc à quai aujourd'hui. Le ciel est couvert ; ils ne souffriront pas de la chaleur.
Le bateau belge largue les amarres en début de matinée, suivi, un peu plus tard, par les deux bateaux hollandais. Ils déplacent le bateau en bout de quai de manière à dégager le plus de place possible pour les bateaux qui éventuellement s'amarreront dans le courant de l'après-midi. Dans l'attente, l'autre reste seul au port.
En début d'après-midi, deux bateaux battant pavillon suédois s'amarrent sur le quai vis-à-vis. Ils font escale avant de descendre l'échelle d'écluses qu'eux ont grimpé. Il n'est pas fréquent de rencontrer des Suédois sur les canaux et rivières de France. Les Hollandais, Allemands et Anglais constituent la grande majorité des plaisanciers. Les langues dans lesquelles sont écrits les menus des restaurants le confirment. Comme pour rétablir la statistique, les deux autres bateaux hollandais laissés à Attigny, les rejoignent au milieu de l'après-midi, suivis peu après par un autre bateau hollandais qui ne trouve plus de place libre à la halte, les deux bateaux suédois n'ayant pas jugé opportun de se serrer un peu.
Se moquant des prévisions météo, la couverture nuageuse se dissipe et laisse de plus en plus de place au soleil.
Et les Suédois passent l'après-midi à nettoyer leur bateau au jet et au « Karcher » branchés, contre tout bon usage, sur l'eau potable du port.
Eux, dans un souci d'écologie, consacrent leur après-midi à une lecture paresseuse.
Lundi 28 juillet
Au bout de la nuit, peu avant l'aube, la pluie s'est mise à tomber. Il pleut toujours pour le petit-déjeuner et la pluie semble s'être installée pour la journée. Au vu du temps, ils décident de rester à quai aujourd'hui encore. Les deux bateaux hollandais semblent avoir pris la même décision.
Malgré la pluie, les Suédois larguent courageusement les amarres de leurs bateaux tout propres pour descendre l'échelle d'écluses.
Il faut attendre le milieu de l'après-midi pour bénéficier d'une accalmie des précipitations. Le ciel demeure par contre chargé.
Mardi 29 juillet
Il a plu toute la nuit, leur semble-t-il. Il pleut toujours au réveil et pour le petit-déjeuner. Une petite pluie fine à la portée de l'essuie-glace de leur bateau. Ils décident de reprendre la navigation avec l'intention de s'arrêter à Pont-à-Bar, à l’extrémité du canal. L'étape devrait prendre environ 5 heures : un peu plus de 28 km avec 5 écluses descendantes et un petit tunnel.
Ils larguent les amarres vers 8:15. Les écluses sont actionnées à l'aide d'une télécommande. La troisième écluse, après avoir commencé sa préparation, tombe en panne. L'intervention du personnel de la VNF est nécessaire. Un conglomérat de branches et d'herbes empêche les portes en amont de se fermer complètement.
Ils amarrent le bateau à Pont-à-Bar vers 13:00, conformément à leurs prévisions, malgré la panne d'écluse. En raison de sa petite taille, le bateau se glisse dans des places résiduelles ignorées des bateaux plus longs.
La halte est gérée par une société de location « Ardennes nautisme » qui offre également un petit chantier nautique, une station carburant et un magasin d’accastillage. Ils peuvent remplacer le pare-battage perdu dans une écluse au début de leur croisière. Dans le magasin, un réfrigérateur trimix neuf aux dimensions de leur vieux défectueux les attend. Un plaisancier en avait passé commande. Le frigo tardant à être livré, le plaisancier s'en est allé sans honorer la commande. Ils négocient l'installation du nouveau et l'élimination du vieux pour le prix d'achat affiché. Affaire conclue. Il est des opportunités tant inattendues qu'elles doivent être saisies. Le nouveau frigo est installé en fin d'après-midi. L'eau ne sera toutefois pas encore assez fraîche pour l'apéro. Ils boiront le pastis un peu tiède.
Le port est situé au seuil d'une écluse qui leur offre le spectacle d'un « commerce » dans l'écluse.
Mercredi 30 juillet
Dès leur arrivée à Pont-à-Bar, hier, ils n'ont cessé de s'activer : achat d'un pare-battage, remplacement du réfrigérateur, plein de gazole. Ils n'ont pas eu le temps de faire leur sieste habituelle. Ils compenseront avec une journée à quai. Ils tiennent également à tester leur nouveau réfrigérateur, en mode gaz et en mode électricité, sur le lieu de l'achat. Au cas où.
De plus, le caractère du port marqué par le présence d'un chantier naval leur plaît. Et le lieu offre même un bistrot à quelques pas.
Lors du trajet de Le Chesnes à Pont-à-Bar, avant-hier, ils ont été intrigués par la présence de dépôts de terre, branches et arbres le long du canal. Ils ont soupçonné qu'il s'agissait des déblais d'un dragage du canal. Ils en eurent la confirmation par la gérance du port. En début de journée, une péniche se fraie difficilement un passage dans le port de plaisance. Elle repasse en fin d'après-midi chargée de déblais du dragage du canal.
En fin de journée, un curieux convoi entre au port : une barge portant une pelle mécanique poussée par une péniche. Le convoi passera la nuit au seuil de l'écluse fermée, la pelle mécanique servant d'ancre.
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